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16 mai 2019

FLASH - L’Apocalypse de 2030 : Les raisons de s’inquiéter

« Dieu a dit, il faut partager : les riches auront la nourriture, les pauvres, l’appétit. » Coluche

Le monde actuel n’a jamais été aussi injuste et aussi inégal. 6 personnes ont une fortune égale à celle de 1, 8 milliard d’individus. Les inégalités sont devenues plus criardes sous l’effet de trois contraintes majeures : la raréfaction des ressources minières énergétiques, le coût élevé des matières premières dû notamment à la spéculation et, depuis une dizaine d’années, la crainte formelle des perturbations induites par les changements climatiques. Que l’on se rende compte du monde actuel ! 1 être humain sur 2 vit avec moins de deux dollars par jour, 1 être humain sur 3 n’a pas accès à l’électricité, 1 être humain sur 5 n’a pas accès à l’eau potable, 1 être humain sur 6 est analphabète, 1 être humain sur 7 souffre de malnutrition. Pour couronner le tout : l’équilibre écologique de la planète est en danger.

D’après le Rapport PNUD 2004 : « Au rythme actuel, l’Afrique sub-saharienne (600 millions d’habitants) respectera la scolarisation universelle dans le primaire en 2129, la réduction de la mortalité infantile de 2/3 en 2106. Pour la faim, la pauvreté et l’accès aux sanitaires, on ne peut pas fixer de date parce que la situation ne s’améliore pas, mais se dégrade. » Il peut sembler être une gageure que de prévoir l’avenir avec des paramètres aussi fluctuants et aussi peu linéaires. Il n’empêche que c’est justement cette incertitude des lendemains qui nous amène à échafauder des scénarii qui ont la particularité d’être démentis régulièrement par les grandes instances internationales et les centres de recherche sur l’énergie des Etats-Unis et de l’Europe.

Quels sont les défis prévisibles pour le futur ? Nous en distinguerons 5. La population augmentera à près de 8 milliards d’habitants (surtout dans les pays en voie de développement). La rareté de l’eau sera structurelle. Le déclin des énergies fossiles est daté. Le recours aux biocarburants participe à l’extension de la famine. Les changements climatiques sont annoncés. Les incertitudes du futur et les chocs civilisationnels qui sont latents. Ces défis, il en est qui sont de la responsabilité, à des degrés divers, des Etats. Un pays doit, pour « exister à cette échéance », tenir compte de tout ces défis et assurer son développement. Sur la base de toutes ces contraintes voire atouts, ils établissent des tendances d’approvisionnement et de consommation flexibles et constamment adaptables. Ce qu’on appelle, selon l’expression consacrée, « des bouquets énergétiques ».

On l’aura compris, les pays qui vivent au jour le jour n’ont aucune chance de survie dans la jungle annoncée, notamment à cause des nouveaux défis auxquels ils sont confrontés. Les émissions de CO2 ont atteint le seuil de 26 milliards de tonnes pour 15 milliards de tonnes équivalents pétrole. Le quart est dû aux Etats-Unis. Chaque Américain envoie dans l’atmosphère 20 tonnes de CO2, contre 10 tonnes pour l’Européen, 2,5 tonnes pour un Chinois ou un Algérien. Le cri d’alarme est lancé. Les émissions de CO2 ont atteint un niveau dangereux pour James Hansen, qui dirige l’Institut Goddard d’études spatiales de la Nasa. Il estime que le réchauffement climatique plonge la planète dans la crise et que le secteur énergétique tente d’en cacher l’ampleur au public. Les émissions de CO2 dans l’atmosphère ont d’ores et déjà atteint un niveau dangereux à 385 particules par million, ce qui représente un point critique, a expliqué le spécialiste du climat. Il ne se passe pas de semaines voire de jours sans que l’on nous annonce que la banquise dérive, que l’Arctique se dégèle, que l’ours blanc risque de devenir un SDF, ne pouvant nager indéfiniment, n’ayant plus de « glace ferme » pour se reposer. De plus, et alors que les effets sanitaires du changement climatique sont actuellement constatés, le Dr Nata Menadbe de l’Organisation mondiale de la santé s’explique : « Un certain nombre de conditions sanitaires seront aggravées par le changement climatique ». La famine au Sud, le 4x4 au Nord. Nous y voilà ! Il y aura en prime, une pénurie d’eau prévisible qui sera aggravée par la distraction de l’eau, source de vie, pour la production de biocarburant au détriment de la nourriture. Selon la FAO, la flambée des prix agricoles aura un impact dévastateur sur la sécurité d’au moins 37 pays. Face aux émeutes soulevées par la flambée des prix des denrées alimentaires, la FAO a tiré la sonnette d’alarme, vendredi. Son directeur général, Jacques Diouf, a lancé un appel le 11 avril 2008 aux chefs d’Etat et de gouvernement des 191 pays membres de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Son souhait est de les amener à tenir une Conférence sur la sécurité alimentaire mondiale.

Par ailleurs, les biocarburants dont on nous dit tant de bien dans les pays industrialisés, commencent à amener à des questionnements. Le nouveau marché des biocarburants a fait monter le prix des céréales. George Bush veut que 15% des voitures américaines roulent aux biocarburants d’ici à 2017. Peter Brabeck le P-DG de Nestlé multinationale qui ne fait pas dans le sentiment et pour cause, s’agissant de ces biocarburants s’inquiétait du fait qu’aujourd’hui on soit déjà obligé d’avoir recours aux réserves fossiles d’eau, les réserves renouvelables ne suffisant plus. Selon le P-DG d’un des plus grands groupes agroalimentaires du monde, le développement des biocarburants serait en cause dans cette pénurie d’eau, l’eau étant la matière première la plus importante pour l’agriculture. La fabrication d’un litre de biocarburant nécessite quelque 9000 litres d’eau !!!

Les futures anciennes guerres de l’eau

Cinq fleuves majeurs de l’Asie qui s’écoulent sur 3 à 6000km chacun, le Brahmapoutre, le Mékong, l’Indus, le fleuve Jaune et le fleuve Bleu ou Yangtsé, ont un point en commun : tous prennent leur source sur le plateau tibétain. Voilà qui ajoute à l’importance géopolitique que la Chine accorde au Tibet. L’Empire du Milieu a pris pied sur le Toit du Monde parce qu’il a soif. Pas moins de trois milliards d’êtres humains sont concernés par l’eau qui provient du Tibet. La guerre de l’eau aura-t-elle pour autant lieu au Tibet ?

D’aucuns avaient prédit que « les guerres au XXIe siècle éclateront à cause de l’eau », déclaration que l’on attribue à Ismaïl Serageldin, vice-président de la Banque mondiale à l’époque, c’était en 1995, alors qu’au début de ce nouveau millénaire, des voix s’élevaient à contre-courant. « La seule vraie guerre de l’eau connue remonte à 4500 ans », remarquait dans une interview au Courrier de l’Unesco, paru en octobre 2001, le géographe américain Aaron Wolf qui ajoutait : « Elle a opposé deux cités mésopotamiennes à propos du Tigre et de l’Euphrate dans le sud de l’Irak actuel ». Le géographe américain note alors en 2001 : « Cependant, au cours des 50 dernières années, on ne s’est battu pour l’eau que 37 fois, dont 27 concernaient Israël et la Syrie, à propos du Jourdain et du Yarmouk ». On apprend aussi, que l’expansion des Etats-Unis a besoin de l’eau de la région amazonienne, dit Samir Amin. L’Irak pour le pétrole, l’Amazonie pour l’eau...Présent au IIe forum social pan-amazonien, à Bélem fin janvier 2008, l’économiste Samir Amin, auteur du terme guerres américaines, considère que la question énergétique est fondamentale dans le projet hégémonique des Etats-Unis : aujourd’hui c’est le pétrole, demain ce sera le minerai de fer et l’eau.

Voilà donc résumé en quelques lignes, l’état du monde et les conséquences d’un capitalisme sans états d’âme et d’une mondialisation-laminoir. Voyons maintenant comment se présente le monde du fait de la consommation débridée de l’énergie par les pays du Nord. Nous pouvons résumer en deux mots les changements climatiques De plus, la boulimie énergétique du monde industrialisé a abouti à des perturbations de la Terre qui n’arrive plus à supporter les perturbations anthropiques. Le climat se dérègle, c’est désormais une évidence. Il est très probable que bientôt la température moyenne à la surface du globe soit de 2 à 4 degrés supérieure à celle du XXe siècle. Les pays en développement (surtout les pays émergents) vont vouloir, à juste titre, se hisser au rang des puissances occidentales. L’affrontement risque de devenir inévitable. Si les ressources manquaient, qui sera le premier servi ? Huit cents millions de Terriens souffrent de famine et ce chiffre va probablement s’aggraver par pénurie d’eau prévisible, stérilisation et désertification de millions d’hectares chaque année, appauvrissement des ressources génétiques, migrations de réfugiés écologiques de plus en plus nombreux

En 1992, dans un livre devenu célèbre, le penseur américain Francis Fukuyama décrétait « la fin de l’Histoire ». Le communisme venait de s’effondrer et il ne restait plus, selon lui, de concurrent idéologique à la démocratie libérale et à l’économie de marché. Aujourd’hui, un autre signataire de cette fameuse lettre, Robert Kagan, proclame « le retour de l’Histoire ». Il en résume la substance dans le dernier numéro du magazine The New Republic. Contrairement aux grandes espérances de l’après-guerre froide, le monde n’est pas entré dans une ère de consensus idéologique, écrit-il. De fait, un nouveau combat se dessine entre démocraties et autocraties, au premier rang desquelles la Russie et la Chine, un combat qui sera un élément déterminant du monde du XXIe siècle.

« C’est donc officiel », écrit le professeur Michael Klare : « c’est une ère de guerres pour les ressources, qui nous attend ». John Reid, le secrétaire à la Défense britannique, a averti que le changement climatique global et l’épuisement des ressources naturelles se conjuguent pour accroître la probabilité de conflits violents portant sur la terre, l’eau et sur l’énergie. Selon lui, le changement climatique « rendra encore plus rares des ressources, l’eau propre, la terre agricole viable, qui sont déjà rares » et cela va « accroître plutôt que décroître la probabilité de conflits violents. » Dans un rapport de 2003, il écrivait : « La violence et les turbulences découlant des tensions créées par des changements abrupts du climat impliquent une menace pour la sécurité nationale, différente de ce que nous avons l’habitude de voir aujourd’hui. (...) Des confrontations militaires peuvent être déclenchées par un besoin désespéré de ressources naturelles comme l’énergie, la nourriture et l’eau plutôt que par des conflits autour de l’idéologie, de la religion ou de l’honneur national. Plus de 300 millions de personnes en Afrique manquent aujourd’hui d’accès à l’eau potable » a-t-il fait remarquer et « le changement climatique ne fera qu’aggraver encore cette situation terrible ».

Et même si ces désastres sociaux vont se produire principalement dans le monde en développement, les pays plus riches seront entraînés dans la spirale de tels troubles, soit en participant à des opérations de maintien de la paix et d’aide humanitaire, soit en ayant à repousser des immigrants non désirés ou encore en ayant à combattre outre-mer pour l’accès à des approvisionnements en nourriture, pétrole et minéraux.

« Dans ce monde d’Etats guerriers » prédisait en 2003 le Rapport du Pentagone, « la prolifération des armes nucléaires est inévitable ». Au fur et à mesure que le pétrole et le gaz naturel vont s’épuiser, de plus en plus de pays se rabattront sur l’énergie nucléaire pour satisfaire leurs besoins d’énergie, et cela « va accélérer la prolifération des armes nucléaires avec le développement par les pays de capacités d’enrichissement et de retraitement de l’uranium dans le but de garantir leur sécurité nationale. La supériorité militaire peut apporter l’illusion d’un avantage dans les luttes pour les ressources vitales à venir, mais ne peut pas nous protéger des ravages du changement climatique mondial...En fin de compte, notre seul espoir d’un futur sûr et garanti réside dans une réduction substantielle de nos émissions de gaz à effet de serre et dans une collaboration avec le reste du monde pour ralentir le rythme du changement climatique mondial ».

Que sera le monde du futur ?

Face à toutes ces incertitudes dont certaines sont...certaines. Les sociétés du XXIe siècle, écrit Jérôme Bindé, se tâtent. Le XXe siècle a été l’époque des prévisions arrogantes, presque toujours démenties. Le XXIe siècle sera celle de l’incertitude, donc de la prospective. Moins que jamais, nous ne saurions prédire dans quel temps nous vivrons. Mesurons-nous assez la révolution que ces découvertes introduisent dans la notion du temps ? Voici venue la fin des certitudes : le temps n’a pas un avenir, mais des avenirs. Car la nature est désormais imprévisible : elle est historique. Selon Robert Musil : « La trajectoire de l’histoire n’est pas celle d’une bille de billard qui, une fois découlée, parcourt un chemin défini : elle ressemble plutôt au mouvement des nuages, au trajet d’un homme errant par les rues, dérouté ici par une ombre, là par un groupe de badauds ou une étrange combinaison de façades, et qui finit par échouer dans un endroit inconnu où il ne songeait pas à se rendre. La voie de l’histoire », conclut Robert Musil, « est assez souvent fourvoiement. » Le présent figure toujours la dernière maison d’une ville, celle qui d’une manière ou d’une autre ne fait déjà plus partie de l’agglomération.

Chaque génération nouvelle, étonnée, se demande : qui suis-je ? Qui étaient mes prédécesseurs ? Elle ferait mieux de se demander : où suis-je ? Et de supposer que ses prédécesseurs n’étaient pas autres qu’elle, mais simplement ailleurs. Ilya Prigogine résume ainsi l’ampleur du bouleversement introduit dans la sphère des savoirs : « Sur quelle branche s’engagera le XXIe siècle ? Quel futur pour le futur ? (...) Avec la notion de la probabilité, les idées de l’incertain et des futurs multiples font leur entrée même dans les sciences du microscopique. (...) Nous allons d’un monde de certitudes à un monde de probabilités. Nous devons trouver la voie étroite entre un déterminisme aliénant et un univers qui serait régi par le hasard et, dès lors, inaccessible à notre raison. »

Le développement, la qualité de la vie ne sont pas une ligne droite qui doit amener inexorablement à la croissance débridée occidentale. Il nous faut inventer un modus vivendi avec la nature. La planète sera invivable surtout pour ceux qui n’ont aucune façon de se défendre contre les anomalies du climat. Il est à espérer qu’une conscience supranationale émerge et contribue en vue de ce qui reste à sauver de cette Terre avant qu’il ne soit trop tard. Sinon ce sera l’Apocalypse si bien décrite dans les religions monothéistes et les sagesses orientales.

Source : Mille Babords

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