Le travail tue, et tout le monde s'en fout ! « Il y a trop de dégâts ». On devrait considérer le stress en entreprise comme l’une des plus grandes catastrophes mondiales. Jeffrey Pfeffer, professeur à Stanford rompu au management, à la psychologie et à la sociologie, lance l’alarme.
Aux États-Unis, on évalue le coût du stress à plus de 130 milliards de dollars, 120 000 décès y seraient liés en 2017. Selon des données compilées par le Forum Économique mondial, la part des dépenses de santé causées par des maladies chroniques contractées en milieu professionnel ne cessent d’augmenter.
Et pourtant, la très grande majorité des entreprises traitent la question du burn-out ou de la dépression de leurs collaborateurs sans réellement attaquer le problème par la bonne face. Non. Séances de yoga pour calmer l’esprit, power napping (siestes éclairs) pour rasséréner le corps ou team building pour resserrer les liens ne résolvent pas le problème des nuisances que la vie en entreprise peut provoquer chez les collaborateurs.
Dans son dernier livre, Jeffrey Pfeffer, reprend à son compte un calcul fait par Robert Chapman, PDG de Barry-Wehmiller. L’homme d’affaires accusait ses confrères d’être à la source du déficit des systèmes de santé public. Pourquoi ? Il s’appuyait sur les nombreuses études qui indiquent que la plus grande source de stress reste le lieu de travail...
Selon Jeffrey Pfeffer, les sociétés se doivent de comprendre qu’elles nouent avec leurs salariés des relations qui engagent leurs égos. « Lorsque une entreprise demande à l’un de ses collaborateurs ce qui ne va pas chez lui, elle retourne la responsabilité sur la personne. Jugeant que le problème vient de lui et non du groupe », explique le chercheur. Par ailleurs, la communication créée également des nuisances.
Quand une société prétend : « nous sommes une entreprise vraiment bonne, nous sommes en train de changer le monde et certains élus seulement sont nés pour faire ce travail avec nous »… qui refuserait de faire partie de ce corps d’élite ?Il faut prendre en compte " la pollution sociale " du travail
L’expert, docteur en maux qui ne disent pas encore leurs noms, milite pour que soit reconnu le concept de « pollution sociale ». Pour lui, ce concept permet de circonscrire la dégradation du tissu familial, psychologique, amicale que le travail peut provoquer chez quelqu’un. Il souhaite à ce titre que les entreprises saisissent l’ampleur de leur responsabilité et n’ignorent plus les éventuels « dommages sociaux collatéraux » qu’elles peuvent causer dans la vie de leur salarié.
Comment lutter contre la " pollution sociale " ?
La revendication des collaborateurs n’est plus de saison insiste Pfeffer : « La conjoncture n’est pas idéale et ne pousse pas les personnes à se saisir du problème. Elles ont peur de perdre leur job. Elles préfèrent travailler de longues heures et demeurer misérables ». Mais côté entreprises, les remèdes existent : aménagement du temps de travail, télétravail, fin des open space géants… entre autres.
Et elles auraient intérêt à le faire, avant que les juristes ne s'en mêlent : « A l’image des grandes actions judiciaires conduites contre les fabricants de tabac, certaines entreprises tuent littéralement leurs employés. Des personnes ont été blessées et cela ne doit pas continuer. La médiatisation de certains procès pourrait faire pencher la balance », considère l’expert.
Message cadeau pour les patrons voyous et harceleurs :
ALLEZ TOUS VOUS FAIRE ENCULER !!!
Sources : Le Monde et ADN
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