2022 a été une année record en France avec l'arrivée de près d'un demi-million de migrants légaux. Ce chiffre s'ajoute à ceux qui se trouvent dans le pays de manière illégale. Selon le député de Nice, Eric Ciotti, président du Parti républicain de centre-droit, il pourrait y avoir jusqu'à un million de personnes dans cette catégorie.
L'extrémisme n'est pas seulement présent dans les deux camps, il se développe
La crise en France est devenue si grave que des hommes politiques respectés mettent en garde contre une catastrophe imminente. Lors d'une interview télévisée jeudi matin, Bruno Retailleau, chef de file des Républicains au Sénat, a exprimé ses craintes pour l'avenir. Déplorant la réticence du gouvernement à s'attaquer à ce qu'il décrit comme le "chaos migratoire", M. Retailleau a déclaré que cette inertie pourrait "mener à la guerre civile".
Peu après l'interview, on a appris que le maire de Saint-Brevin-les-Pins, dans l'ouest de la France, avait démissionné après avoir été la cible d'un pyromane qui a brûlé sa voiture et une partie de sa maison. L'attaque a eu lieu fin mars, mais Yannick Morez a pris la décision de démissionner en raison d'un "manque de soutien de la part de l'État" dans les semaines qui ont suivi.
Bien que la police n'ait pas de suspect, elle a un mobile : l'opposition locale à la relocalisation de l'hébergement des demandeurs d'asile sur un site proche d'une école primaire.
M. Morez a été nommé maire de Saint-Brevin-les-Pins en 2017, un an après que la ville a accueilli un groupe de migrants du camp de la "Jungle" récemment démantelé près de Calais. M. Morez a déclaré qu'il n'y avait "jamais eu le moindre problème" entre les migrants et les habitants, jusqu'à ce que les plans soient dévoilés pour le nouvel hébergement.
Ce projet a donné lieu à des manifestations organisées par le parti d'extrême droite d'Éric Zemmour, le Parti de la Reconquête, ainsi qu'à des contre-manifestations organisées par des militants d'extrême gauche pro-migrants.
Au milieu de tout cela, Morez, un médecin de 62 ans, dont l'esprit communautaire est de plus en plus mis à mal dans la République. Depuis les élections municipales de 2020, près de 4 000 élus ont démissionné, dont 238 maires. Ce sont des chiffres sans précédent et, si les raisons de ces démissions sont diverses, un point commun est la violence verbale et physique à l'égard des représentants de la République.
Ces hommes et ces femmes consciencieux sont devenus les souffre-douleur de la classe politique parisienne, considérée comme lointaine, distante et déconnectée du peuple qu'elle est censée représenter. Pour de nombreux députés, quel que soit leur parti, le Parlement n'est qu'une scène sur laquelle ils se pavanent.
Les hommes politiques qui n'avaient rien dit après l'attaque initiale du domicile de M. Morez ont retrouvé leur voix après sa démission, même si nombre d'entre eux semblaient plus intéressés par l'exploitation de la nouvelle à des fins politiques que par un véritable remords face à la perte d'un autre maire. Alors qu'Emmanuel Macron a exprimé sa solidarité avec le maire, les députés de gauche ont blâmé l'État pour le manque de soutien qui lui a été offert.
D'autres ont parlé de "terrorisme d'extrême droite" et ont demandé à l'Assemblée nationale de se lever pour applaudir Monsieur Morez ; les députés du Rassemblement national de Marine Le Pen n'ont pas participé malgré l'invitation des bancs de l'opposition. Ce spectacle puéril n'a fait que renforcer le sentiment des électeurs que leurs députés ne sont pas à la hauteur.
La réponse politique la plus cohérente - peut-être la seule - est venue du Premier ministre Elisabeth Borne, actuellement en visite dans le département français de la Réunion, dans l'océan Indien. "Le fait que cet incendie soit lié à la délocalisation d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile montre qu'il y a une montée de l'extrémisme dans notre pays", a-t-elle déclaré. "Il est évident que nous devons être très, très vigilants sur ce sujet. L'extrémisme est présent des deux côtés de l'échiquier politique".
L'idée que l'extrémisme puisse être présent à gauche a provoqué un tollé. "Incroyable, dangereux" a réagi Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste.
Mais les faits parlent d'eux-mêmes. Depuis le mois de mars, près de 2 000 policiers ont été blessés par des extrémistes de gauche lors de manifestations contre la réforme des retraites ou pour la défense de l'environnement. Des magasins, des restaurants, des banques, des mairies ont été incendiés ou vandalisés, ainsi que la permanence d'Eric Ciotti, le président des Républicains.
À cette occasion, les députés de gauche n'ont pas applaudi au parlement.
Borne a raison. L'extrémisme n'est pas seulement présent des deux côtés, il monte, et la vue de centaines d'extrémistes d'extrême droite masqués défilant dans Paris samedi dernier a jeté un froid dans la République.
Il y a deux ans, 10 000 officiers retraités de l'armée française, dont vingt généraux, ont adressé une lettre ouverte au vitriol à M. Macron et à son gouvernement, dans laquelle ils mettaient en garde contre la "désintégration" de la société française, conséquence d'une mauvaise gestion politique pendant de nombreuses années. Ils ont averti le président qu'il fallait agir maintenant, faute de quoi "demain, une guerre civile mettra fin au chaos qui s'installe".
La lettre a été ignorée et ses signataires ont été raillés comme des colonels Blimps. Mais deux ans plus tard, la désintégration de la France se poursuit, le chaos s'accroît et la perspective d'une guerre civile ne semble plus aussi farfelue.
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