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21 novembre 2019

Un an des Gilets Jaunes en France - Le 5 décembre prochain s'annonce chaud bouillant !

Le week-end dernier, les Gilets Jaunes ont fêté leur premier anniversaire, avec des barbecues conviviaux sur les giratoires (ronds-points) dans toute la France suivis d'actions directes comme l'opération péage gratuit. Bien que le nombre de manifestants ait diminué à environ 10 % des quelque 400 000 manifestants qui se sont levés il y a un an le 17 novembre 2018 - par une année de répression policière violente, de désinformation des médias et de fatigue pure - un nombre étonnamment élevé de femmes et d'hommes dans toute la France profonde ("moyenne France") sont sortis de la "retraite" et ont enfilé leurs gilets jaunes pour l'acte 53. Des sondages récents indiquent que 10 % des Français personnes se considèrent comme des Gilets Jaunes, et les deux tiers les soutiennent toujours (bien qu'une majorité souhaite rentrer à la maison par peur de se faire allumer par la police en mode cow-boy).

Le premier anniversaire du soulèvement des Gilets jaunes marque un moment historique : peut-être la première fois dans l'histoire qu'un mouvement social auto-organisé, non structuré, sans chef, survit depuis si longtemps. Ce week-end, les discussions sur les pourparlers de circulation de la prochaine grève générale illimitée, convoquée par la Confédération Générale du Travail (CGT) et d'autres syndicats pour le 5 décembre. Il y a deux semaines, l'Assemblée générale des Gilets jaunes a appelé à la "convergence" avec la grève à venir, et le leader de la CGT, qui avait auparavant snobé les Gilets jaunes, a réagi en les invitant à y adhérer. MACRON T'ES FOUTU, LE PEUPLE EST DANS LA RUE ET CA VA PETER !

Ainsi, après une année de résistance physique solitaire, de plus en plus dangereuse, aux contre-réformes néolibérales de l'arrogant et impopulaire "Président des riches", soudain de nouvelles perspectives s'ouvrent pour les Gilets jaunes dans leur lutte inégale avec les puissants, un Etat, de plus en plus autoritaire, Etat capitaliste et dictature. Nous nous tournerons vers cette possibilité alléchante dans un instant.

- Cette révolution ne sera pas télévisée

Aucun des événements ci-dessus n'a transpiré à travers les Français médias grand public, qui, comme d'habitude, se concentraient sur deux sujets : la violence et Paris. Dans la capitale ce samedi, comme tous les samedis, les brigades de robo-flics étaient plus nombreuses que les manifestants et les empêchaient de marcher le long de routes qui avaient été (pour une fois !) convenues auparavant, tandis que quelques bandes de casseurs vêtus de noir (des vandales qui, d'une certaine manière, ne semblent jamais se faire arrêter ou même tirer dessus) ont réussi à casser des vitres de banques et à mettre le feu à quelques voitures. Comme d'habitude. Malgré le fait, universellement reconnu par les sociologues, les historiens et les analystes, que les Gilets jaunes sont uniques parmi les mouvements révolutionnaires parce que basé dans les provinces plutôt que centrée à Paris, vous ne devineriez jamais cela à partir de la télé.

En effet, le point culminant de la couverture nocturne de Channel 3 de l'anniversaire national des Gilets Jaunes, était une journaliste filmée debout devant l'Arc de Triomphe, avec un Champs Elysées parfaitement vide en arrière-plan, en cours de route longue sur le grand réalisation des "forces de l'ordre" (comme on les appelle invariable) pour assurer la sécurité de ce riche quartier parisien en le vidant. Le lendemain, l'histoire principale citait un gangster voyou nommé Costner, ministre de l'Intérieur (police) de Macron, qualifiant les vandales de Paris de "voyous et de gangsters". Rien de nouveau.

Dimanche, Channel 5 a diffusé une rétrospective sérieuse, bien produite, d'une heure sur les Gilets jaunes. Les mots "convergence" et "Assemblée des Assemblées" (dont il y en a eu 4) n'ont jamais été prononcés. Des extraits de Gilets jaunes agissant avec violence n'ont pas été montrés, mais aucune image d'un autre sujet tabou : la violence excessive systématique du gouvernement contre les manifestants, vivement condamnée par les Commissions des droits de l'homme de l'ONU et de l'Union européenne. Pas étonnant que "Éteignez votre télé et sortez pour venir parler avec nous" a été parmi les premiers slogans des Gilets Jaunes.

- Nouvelles perspectives

Il y a deux week-ends, le mouvement auto-organisé des Gilets jaunes a tenu sa 4e assemblée générale (Assemblée des Assemblées) ici à Montpellier. Cette Assemblée a réuni 500 Gilets jaunes délégués par plus de 200 groupes locaux de toute la France. Réunis à la dernière minute dans un musée agricole abandonné et futuriste connu sous le nom de "Saucer" comme un squat, c'était un événement convivial, avec de la bouffe fournie par des soupes populaires locales, des discussions interminables en petits groupes et une bonne volonté sans fin, malgré une certaine quantité de controverse autour de la question de la "convergence" avec les syndicats, dont de nombreux Gilets jaunes se méfient, comme ils le sont des partis politiques.

Montpellier a été choisi lors de la 3e Assemblée des Assemblées pour accueillir la 4e, et les organisateurs locaux, un groupe quelque peu secret, ont conçu le format afin d'exclure les sessions plénières et les appels officiels, par exemple pour Convergence avec les syndicats, dont beaucoup de nous à Montpellier, comme ailleurs, avait travaillé pendant des mois. Il est vite devenu clair, au fur et à mesure que les résultats des discussions en petits groupes ont été synthétisés, que l'immense majorité des délégués, bien que ouvertement critiques à l'égard des dirigeants bureaucratiques des syndicats, étaient désireux de soutenir et de s'allier avec les travailleurs organisés et de converger vers les grèves illimitées à l'échelle nationale qui doivent commencer le 5 décembre. À la dernière minute, les efforts des organisateurs pour limiter le débat ont été dépassés, et une Assemblée quasi unanime a voté l'appel suivant :
Après une année de mobilisation inlassable, la situation a atteint un tournant. Le temps est venu de converger avec le monde du travail et son réseau de milliers de syndicalistes qui, comme nous, ne l'acceptent pas. Toutes les sections constituantes du peuple français doivent s'unir : paysans, retraités, jeunes, artistes, personnes handicapées, artisans, artistes, chômeurs, temps, travailleurs des secteurs public et privé...

À compter du 5 décembre, des centaines de milliers de travailleurs seront en grève et se réuniront en assemblées générales pour ratifier sa poursuite jusqu'à la satisfaction de nos revendications. L'ADA de Montpellier appelle les Gilets jaunes à être au coeur du mouvement, avec leurs propres revendications et aspirations, à leur travail ou sur leurs cercles de circulation avec leurs Gilets Jaunes clairement visibles !

La défaite de la réforme des retraites du gouvernement ouvrirait la voie à d'autres victoires pour notre camp. Tout le monde dans la rue à partir du 5 décembre, en grève, sur les ronds-points ou dans les actions de blocage.
Interrogé sur BFM TV, Philippe Martinez, le leader de la fédération syndicale CGT, a immédiatement déclaré que l'appel des Gilets jaunes à rejoindre le mouvement de grève du 5 décembre "une très bonne chose". Il a ajouté : "Cela fait un an que nous essayons de trouver des convergences, et peu à peu nous y parvenons. Nous avons les mêmes préoccupations, le coût de la vie, l'environnement, le chômage."

L'Assemblée des Gilets Jaunes a également voté à l'unanimité des appels à la solidarité internationale avec tous les mouvements sociaux spontanés et horizontaux et les soulèvements à travers le monde, y compris l'Algérie, Chili, Irak, Catalogne, Liban, Hong Kong, Équateur, Soudan, Colombie, Haïti et Guinée-Conakry, ainsi que les Kurdes syriens, tout en reconnaissant la lourde responsabilité de la France en tant que puissance impérialiste et producteur d'armes. Les Gilets jaunes étaient clairement fiers et encouragés que les peuples du monde entier suivaient, pour ainsi dire, leurs traces.

- Fissures dans le système

Depuis que les Gilets jaunes se sont levés il y a un an, à la suite de l'échec abject du travail organisé à monter une résistance crédible à la mise en place d'une loi par Macron, une série d'attaques néolibérales contre les services publics, les salaires et les services sociaux, la crise sociale en France n'a fait que s'approfondir. Les signes de fissures dans le système sont partout, comme les travailleurs s'organisent pour résister. Il y a déjà des difficultés dans les salles d'urgence des hôpitaux où les patients attendent des heures sur des civières dans les couloirs et où des médecins et des infirmières dévoués protestent contre le manque de lits et le manque de personnel ; dans les écoles, où les classes sont surpeuplées, où les aides-enseignants sont réduites et où de nouveaux programmes incompréhensibles sont imposés d'en haut, ce qui oblige les élèves à choisir leur avenir à l'âge de 15 ans ; sur les chemins de fer, où, pour la première fois en une génération, les cheminots ont spontanément quitté le travail après une urgence de sécurité sans demander la permission de la direction ou du syndicat ; et plus récemment parmi les pompiers, dont la manifestation a été gazée par la police à Paris et qui ont maintenant formé une alliance interprofessionnelle avec le personnel des urgences en grève.

La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été le dévoilement récent par Macron de sa proposition de "réforme" (hautement explosif) du système de retraite français qui, comme beaucoup de choses positives en France, remonte à 1945, lorsque la classe de propriétaires français était en disgrâce d'avoir collaboré avec les nazis et La résistance dirigée par les communistes et les socialistes était toujours puissante.

La "réforme" des retraites de Macron supprimerait la retraite anticipée des travailleurs dans des emplois dangereux ou pénibles (par exemple les cheminots) et remplacerait le système d'aujourd'hui, où le revenu de retraite est d'environ 75% de votre année dernière, à un sur la base de "points". Les points sont calculés sur le nombre total de semaines que vous avez travaillées dans votre vie. Cela pénalise, par exemple, les travailleurs qui ont été au chômage et les femmes qui ont pris des congés pour les enfants. Chaque point vaudrait une somme en euros à décider par le gouvernement au pouvoir lorsque vous prenez votre retraite ! Selon les estimations actuelles, les gens perdraient généralement environ 30% des avantages prévus dans le cadre du système proposé.

Dans leur arrogance, Macron et les groupes financiers qu'il représente franchissent enfin une ligne que même Trump et les républicains ont peur de franchir : couper la retraite, la goutte d'eau qui fait déborder le vase de leur destruction systématique du contrat social historique (admirable) de la France. Ils peuvent s'attendre à des problèmes.

La colère et le ressentiment populaires s'accumulent en France depuis le début de 2018, lorsque Macron a commencé à faire passer ses décrets réactionnaires et que le 50e anniversaire du grand soulèvement de 1968 et de la grève générale était dans tous les esprits. Lorsque les syndicats n'ont pas été à la hauteur, les gens ordinaires étaient tellement en colère et dégoûtés que le pot a bouilli et en novembre, le mouvement des gilets jaunes a éclaté sur la scène de nulle part.

Loin d'avoir "rien obtenu" en refusant de négocier, les Gilets jaunes ont obtenu plus de Macron que tous les syndicats: 1,7 milliard d'euros de concessions en décembre dernier, y compris des primes de fin d'année, des allégements fiscaux pour les pauvres et l'annulation de la taxe sur l'essence qui a mis le mouvement en marche. Quand ces concessions n'ont pas réussi à arrêter le mouvement, Macron a déclenché un "grand débat" de relations publiques où il a fait la plupart des discours et doublé vers le bas sur la répression policière, mais les Gilets jaunes, dont la chanson thème est "Nous sommes ici !", sont toujours là.

Aujourd'hui, Français travailleurs de presque tous les secteurs sont déjà en mouvement avant la grève générale prévue, et la question des départs à la retraite, ainsi que la santé, l'éducation, les services publics, unit l'ensemble de la population contre le gouvernement et l'étroitesse des finances intérêts qu'il représente. Les objectifs déclarés des Gilets jaunes - démission de Macron, justice fiscale, égalité économique et démocratie participative - sont franchement utopiques, et quand la grève générale commence, il est peu probable qu'ils soient prêts à s'arrêter à mi-chemin lorsque Martinez et le syndicat les bureaucrates décident de régler et de mettre fin à la grève comme ils l'ont fait en 1936, 1945, 1968 et 1995. De nouvelles perspectives ?

Article traduit sur Global Research

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