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9 novembre 2019

FLASH - Le 8 décembre 2018 à Marseille, un dispositif de guerre face aux Gilets Jaunes et Maria s'est fait lyncher !

VIOLENCES POLICIERES - Quand le gouvernement français envoie des milliers de policiers surarmés violenter la population : femmes et hommes, adolescents, étudiants, touristes et retraités à Paris comme dans le reste de la France. Bref : la police déteste tout le monde et prête à nous péter la gueule ! Des dizaines de milliers de grenades ont été tirées, des milliers d’opposants arrêtés, des centaines de personnes blessées, parfois de façon gravissime et irrémédiable. Une retraitée est morte à Marseille après avoir reçu une grenade en plein visage. Macron choisit d’installer un régime de terreur contre la révolte en cours et la dictature. Voici un aperçu révélateur mais malheureusement non exhaustif des violences subies par la population ces derniers jours.

AVERTISSEMENT - Si jamais le gouvernement français avec toute sa clique fait une étincelle : la France, une poudrière en puissance, explosera alors vous voilà prévenus !

A la suite des coups portés à Maria, Mediapart a découvert l’existence de brigades hybrides de policiers, non formés au maintien de l’ordre et chauffés à blanc par une note du ministère de l'intérieur et une hiérarchie considérant qu’en temps « de guerre », tout est permis. Même le RAID a été associé à la mobilisation.

Aux alentours de 18 h 40, le 8 décembre 2018, à Marseille, à l’angle d’une ruelle du centre-ville, une dizaine d’hommes vêtus de noir, masqués, casqués et armés, matraquent et rouent de coups de pied une jeune fille à terre. Ils lui fracassent le crâne. Un des agresseurs lui lance même : « Tu en veux encore ? »

Cet escadron sauvage n’est autre qu’une brigade de policiers, créée pour renforcer le maintien de l’ordre lors des manifestations des « gilets jaunes », dont Maria, 19 ans, a donc été victime.

Sept jours tôt, le 1er décembre, Zineb Redouane a été tuée à Marseille par un tir de policier. Le 5 décembre, le ministre de l’intérieur et le directeur général de la police nationale, Éric Morvan, envoient un télégramme, dont Mediapart a obtenu copie, qui décrit un dispositif inédit. Le RAID, une unité d'élite qui a l’habitude d’intervenir dans les opérations de terrorisme et de prise d’otages, est mobilisé. « La réserve d’intervention pourra être engagée dans le cadre des missions dévolues au RAID », précise le télégramme.

Lors de son audition, le chef d’état-major de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP), Jean-Marc Luca, qui a préparé et dirigé les opérations depuis la salle de commandement, décrit un « engagement extraordinaire des forces de l’ordre ». Il confirme que le RAID était engagé, prêt à intervenir, « en réserve au service, à l’écoute radio », depuis l'hôtel de police de Marseille, l’Évêché.

Sans plus de rapport avec le maintien de l’ordre face à de simples manifestants, la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Marseille, qui a pour mission de lutter contre la grande criminalité (ou contre les terroristes, comme ce fut le cas pour les attentats de janvier 2015), est de son côté envoyée sur le terrain.

Lors de son audition par l’IGPN, si le chef de la BRI marseillaise Pascal Bonnet reconnaît que « cela ne rentre pas dans [ses] prérogatives », il assure néanmoins que « la BRI participe à l’effort de guerre dans le cadre du mouvement des gilets jaunes ».

« La guerre », le mot est lancé, sans aucune retenue et sans complexe, parce que c’est effectivement dans cet esprit-là que la réponse policière est apportée aux citoyens qui manifestent le 8 décembre à Marseille.

« C’était la guerre », explique aussi le chef d’état-major Jean-Marc Luca, lors de son audition. Lorsqu’il commente la vidéo montrant des policiers qui frappent à coups de pied Maria, à terre, sa réponse est : « Moi, je ne vois pas de violences, la violence est partout ailleurs. »

Dans cette optique, la note du ministère de l’intérieur du 5 décembre a aussi prévu un dispositif particulier qui se traduira par la mobilisation de brigades singulières : les « compagnies de marche », créées initialement « en réponse » aux violences urbaines.

Ces compagnies constituent des groupes hétéroclites de policiers, entre huit et neuf, en tenue ou en civil et issus de différentes unités. On y retrouve des « fonctionnaires de bureaux », des agents du service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC) chargé de la sécurité ferroviaire, des membres de la police judiciaire ou encore des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC).

Ce 8 décembre, le dispositif comptait, pour l’après-midi, neuf compagnies de marche, dont quatre en civil.

Comme le précise lui-même le commissaire divisionnaire responsable des opérations sur le terrain, Philippe Combaz, ces compagnies « sont des gens non aguerris au maintien de l’ordre », avant d’ajouter : ils « bougent en cours de manifestation, donc on ne peut connaître précisément leur position ».

Un grand flou subsiste autour du mode de fonctionnement de ces brigades aux profils disparates, non rompues aux interventions pendant les manifestations et, semble-t-il, sans commandement. D’ailleurs, la major à la tête de l’une de ces compagnies, habituellement chargée des bureaux de plaintes, précise ne « pas avoir donné d’instruction particulière » à ses effectifs, dont elle ne peut retracer précisément le parcours lors de la manifestation. Le chef d’état-major, Jean-Marc Luca, reconnaît lui-même être « incapable de dire qui était où » lorsque Maria a été rouée de coups.

« C’est consternant et très inquiétant surtout d’entendre un chef d’état-major reconnaître qu’il ne sait pas qui fait quoi, alors que c’est sa mission. S’il n’y a pas de commandement, certains policiers s’autorisent n’importe quoi. Les compagnies de marche ont été décidées au niveau national et on voit le résultat », déplore une source policière, consternée par cette affaire et par l’impunité qui règne au sein de l’institution.

« Ce sont des agents qui n’ont aucune formation en maintien de l’ordre, qui sont laissés libres sur le terrain. En cas de problème, la hiérarchie peut dire : on ne sait pas, ce n’est pas nous. Mais bien au contraire, les responsables sont ceux qui ont autorisé la création de ces brigades hors la loi », conclut cette même source.

Les auditions confirment ce grand n’importe quoi. « Il n’y avait plus de règle, plus de limite », assène Jean-Marc Luca, comme pour justifier les actes des policiers, quel que soit leur statut. Mais quelle était la nature de la menace et de la panique pouvant expliquer la folie policière qui s’est abattue sur Maria et sur d’autres ce jour-là ?

« La BRI participe à l’effort de guerre dans le cadre du mouvement des gilets jaunes »

Cet acte IV des gilets jaunes, qui était également une journée de mobilisation contre les logements insalubres, présente un bilan bien plus léger qu’un 14-Juillet, selon le bataillon des marins pompiers, qui a dénombré 50 poubelles et une seule voiture brûlées. Et face à environ 2 000 manifestants, les 458 policiers et gendarmes ont tiré plus de 680 grenades lacrymogènes.

Plusieurs magasins ont été pillés mais, aux alentours de 18 h 40, lorsque des policiers brutalisent Maria, la rue où elle se trouve est calme, les affrontements se déroulant sur le Vieux-Port et la Canebière.

Dans son audition, le conseiller du préfet de l’époque, Jean-Michel Hornus, atteste lui-même que vers 17 heures le centre-ville, périmètre où Maria a été blessée, était, « un secteur plutôt calme ». Les photos prises par plusieurs témoins le prouvent.

Auprès de l’IGPN, le chef d’état-major Jean-Marc Luca a une tout autre lecture de cette journée. Il explique que la mobilisation de 458 effectifs, dont 300 policiers, l’utilisation de 680 grenades et les 80 tirs de LBD avaient pour but de limiter les « pillages des commerces et d’éviter que des barricades ne soient érigées dans un climat insurrectionnel et chaotique, l’objectif [étant] d’atteindre les forces de l’ordre dans leur chair. Il assure même que des policiers ont fait rempart de leur corps pour que cela ne dégénère pas ».

Certains ont surtout utilisé leur arme de façon frénétique. Sur 80 tirs de LBD, 70 sont le fait de trois policiers de la BAC en l’espace de six heures (soit 20 à 25 chacun).

À la fin de cette journée, deux policiers ont été légèrement blessés, dont un en chutant, tout seul, dans sa course. Neuf personnes, en revanche, ont été victimes des forces de l’ordre, parmi lesquelles un jeune de 14 ans, touché à la tête par un tir de LBD, et Maria.

Au fil de l’enquête, l’étau se resserre cependant sur des policiers d’une compagnie en civil, chargés habituellement des transports en commun (SISTC), trahis par leurs vêtements, leurs casques de « skateboard », l’attelle de l’un à la main gauche et le prénom d’un autre entendu dans la vidéo (Comment l’IGPN protège les siens). Près de dix mois après les faits, aucun n’a été entendu.

Le commandant divisionnaire à la tête de leur service, Didier Delacolonge, en revanche, l’a été : il précise que 30 de ses agents, dont 9 en civil, participaient aux opérations ce jour-là. Mais il se dit dans l’incapacité d’apporter des précisions sur ces 9 policiers. Loin de les disculper, il répond souvent : « Je ne sais pas. » Impossible, par exemple, de savoir s’ils avaient des casques personnels. Ni de quel type d’armes ils disposaient. « C’est possible qu’ils aient été porteurs de grenades, mais je n’en suis pas sûr du tout. »

Le drame du 8 décembre ne l’a pas conduit à remettre en cause les pratiques de ses hommes, pas plus que son propre contrôle. Il reconnaît ainsi avoir répondu favorablement en février, soit deux mois après les faits, à une demande de ces fonctionnaires pour des casques de sport, pourtant non réglementaires, regrettant que l’administration n’y ait pas donné suite…

Dans ce courrier du 13 février 2019, que Mediapart a pu consulter, le brigadier-chef se justifie auprès du commandant Didier Delacolonge, en expliquant que ses agents « sont équipés pour certains de manière personnelle avec du matériel trouvé çà et là, dans le commerce ou sur Internet ».

Il souhaite passer commande, non pas de casques réglementaires, mais de « casques légers type “skate-VTT” permettant d’allier discrétion et protection », prenant soin de mettre la photo le représentant. Ce n’est pas tout, il agrémente cette liste de « lunettes type “masque” étanches, souvent issues de catalogues motos, ski ou bricolage », des gants de protections ou des « kits piétons “discrets” permettant une écoute secrète des ondes radio », tout cela pour pouvoir « déambuler au sein des cortèges ».

Attestant d’un haut niveau d’improvisation, il demande, alors que le dispositif est en place depuis plusieurs mois, « un stage de formation des unités en tenue civile lors de maintien de l’ordre ».

Commande de matériels non réglementaires validée par le commandant de police Didier Delacolonge à la tête de la sécurité des transports en communs.

Ce courrier est la preuve patente d’agents non formés, équipés de matériels non réglementaires, avec la bénédiction de leur hiérarchie, puisque la demande a reçu l’avis « favorable » de Didier Delacolonge, avec l’appréciation suivante : « L’engagement des effectifs sur les manifestations nécessite effectivement les équipements appropriés. »

Au cours de l’enquête, un courriel de la cheffe du service gestion adressé à l’IGPN signalera que la demande n’a pas abouti, ce type de matériel n’étant pas « homologué par l’administration centrale ». Un rattrapage a posteriori.

« Mes craintes ont été confirmées, explique l’avocat de Maria, Brice Grazzini. Les policiers qui ont tenté de tuer Maria ont agi illégalement, dans un accoutrement non réglementaire, mais surtout avec l’aval de leur hiérarchie, jusqu’au plus haut niveau décisionnaire. La lecture de ce dossier donne l’impression que le ministère de l’intérieur a galvanisé ses troupes, a validé une organisation explosive et qu’il s’agissait davantage d’un engagement de soldats dans une guerre civile que de la gestion d’une manifestation, c’est-à-dire, une opération de maintien de l’ordre. »

Contacté par Mediapart, le ministère de l’intérieur a refusé de répondre à nos questions.

  • FLASH - Maria : « Les policiers m’ont enlevé ma vie »

VIOLENCES POLICIERES - Rouée de coups de pied par des policiers, Maria, 19 ans, a eu le crâne fracturé et le cerveau atteint. Dix mois plus tard, à Marseille, elle reste sous surveillance médicale. Dans un entretien à Mediapart, elle revient sur les conséquences physiques et psychiques de ces violences et sur les suites judiciaires.

Samedi 12 octobre, n’étant pas d’astreinte, Maria, 19 ans, nous attend au foyer pour jeunes travailleurs où elle vit avec son ami, dans le centre-ville de Marseille. La jeune fille prépare son baccalauréat commerce et travaille en alternance dans un magasin. Comme nous le révélions, le 8 décembre 2018, alors qu’elle regagnait son domicile à l’issue de sa journée de travail, la jeune femme a eu le crâne fracturé et le cerveau atteint par les coups des policiers, en marge de la manifestation des « gilets jaunes ».

À la suite de sa plainte, le 30 avril, une enquête préliminaire, suivie d’une information judiciaire, a été ouverte pour « violences aggravées par personnes dépositaires de l’autorité publique, en réunion, avec arme et non-assistance à personne en danger ».

La police, encore une fois, mérite le carton rouge pour violences volontaires aggravées et tentative d'homicide

« Je vais avoir 20 ans dans quelques jours et la situation empire. Si je reviens sur les faits, ce n’est pas pour qu’on pleure sur moi, mais je veux juste que ces policiers entendent ce qu’ils ont fait », prévient Maria avant de commencer l’entretien accordé à Mediapart.

Dans le cadre de la plainte, vous avez eu 30 jours d'incapacité totale de travail (ITT) au sens pénal, sous réserve de complication. Un expert précise qu'il faut attendre deux ans pour que votre état soit consolidé. Près de dix mois après les faits, où en êtes-vous ?
Maria : Après mon opération, je suis sortie de l’hôpital le 19 décembre et j’ai dû interrompre mes études pendant huit mois. Et j’ai dû également changer de travail parce qu’en tant que vendeuse, je ne parvenais plus à me rappeler ce que les clients me disaient et j’appréhendais le contact avec les autres, alors que j’adorais cela avant. Aujourd’hui, je travaille toujours dans un magasin mais je range des cartons.

En fait, cela fait presque un an et c’est de pire en pire. Au niveau physique, je suis encore sous surveillance médicale pour ma tête. Par chance, mes cheveux ont recouvert ma cicatrice, qui fait 18 centimètres. J’ai encore des restes d’un hématome sous le crâne qui provoque des maux de tête quasi quotidiens. Je dois passer des IRM de contrôle. J’ai encore des douleurs à la cuisse où j’ai reçu un tir de LBD [lanceur de balles de défense – ndlr].
Quel souvenir gardez-vous du 8 décembre ?
Ce samedi, j’avais terminé plus tôt mon travail. Je suis vendeuse en alternance dans le cadre de la préparation de mon bac. Mon patron avait décidé de fermer plus tôt parce qu’il y avait la manifestation des gilets jaunes. J’ai rejoint mon ami et avant de rentrer au foyer où nous habitons, nous voulions acheter de quoi dîner. C’était la fin des manifestations mais sur le Vieux-Port, dont nous étions loin, il y avait des affrontements entre manifestants et policiers.

Nous étions dans la rue Saint-Ferréol, une rue commerçante, assez calme à ce moment-là. Lorsque des lacrymogènes ont été lancés. Je n'ai jamais participé à une manifestation. J’ai pris peur et j’ai donc couru lorsque j’ai reçu un tir de LBD dans la cuisse. Je me suis écroulée au sol. J’ai juste entendu mon ami qui tentait de venir m’aider mais des policiers l’ont alors retenu et frappé. Vous avez été auditionnée par l’IGPN dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 30 avril.
Comment s’est passée votre audition ?
Avant d’aborder l’audition, je souhaite revenir sur les délais de ma plainte pour répondre au ministre de l’intérieur, monsieur Castaner, qui mettait en doute ce qui m’était arrivé parce que j’avais déposé plainte en avril 2019 pour des violences commises en décembre 2018.

Voici pourquoi : j’ai, dès le 19 décembre, signalé à l’IGPN, sur leur plateforme, les violences que j’avais subies. Ma mère est venue et m’a aidée, lorsque j’étais hospitalisée, à constituer mon dossier. Il y a au moins sept personnes que je ne connais pas qui ont témoigné et l’une des témoins, qui a été très choquée, m’a convaincue, avec ma mère, de le faire. Ma mère est allée déposer plainte une première fois au commissariat. Du moins, elle a essayé parce que le policier a refusé en lui disant : « Vous croyez qu’on va prendre une plainte contre nous ? »

Elle n’a pas osé m’en parler parce que j’étais encore très mal physiquement. Elle m’a juste dit d’y aller une fois remise. C’est ce que j’ai fait deux semaines après ma sortie d’hôpital. C’était dans un autre commissariat. La policière a appelé son chef. Et là, il m’a prise pour une idiote en me disant que le signalement que j’avais fait sur la plateforme de l’IGPN suffisait. Je lui ai dit que non. Il a refusé ma plainte. Vu mon état, je n’ai pas insisté. Après j’ai surtout essayé de surmonter mon état physique et mon traumatisme avant de trouver un avocat pour faire les démarches.

Je me battais pendant les cinq mois pour aller mieux et ma priorité était mon état de santé. On a finalement déposé plainte en avril et au début du mois de mai, j’ai été auditionnée par l’IGPN.
L’enquête préliminaire est terminée. Le procureur de la République de Marseille a requis l’ouverture d’une information judiciaire. Un juge d’instruction vient d’être nommé. Quel regard portez-vous désormais sur la police ?
Je me demande sans cesse : pourquoi ? Pourquoi m’avoir frappée à terre ? Ces hommes ont-ils encore une conscience pour être aussi violents gratuitement ?

J’appréhende un peu la suite parce que depuis que mon affaire a été rendue publique, j’ai lu sur les réseaux sociaux des réactions très violentes à mon encontre et des mensonges effrayants. On a dit que je portais un couteau ou que je méritais ce que j’avais eu. C’est très dur d’entendre cela.

La seule chose que j’avais, et je l’ai tout de suite précisé, c’est des « claque-doigt » qui, comme leur nom l’indique, sont des petits pétards pour enfants avec lesquels on s’amuse les soirs de match.

Et ce soir-là, je m’en suis débarrassée bien avant de me faire taper. Aucun policier n’était présent lorsque je les ai jetés par terre parce qu’avec mon ami, on ne voulait justement pas avoir d’histoire, on voulait rentrer tranquillement et on savait que sur le Vieux-Port, c’était la panique.

D’ailleurs, si j’avais fait quelque chose, pourquoi ne pas m’avoir arrêtée le soir même, lorsque j’étais à terre ?

J’ai découvert que lorsqu’on se fait taper par la police, on se retrouve finalement accusé soi-même. Je me sens obligée de déballer tout mon passé, c’est une deuxième violence.

J’ai eu des problèmes quand j’étais mineure, j’ai fait quelques bêtises. Et c’est aussi pour cela que je ne veux plus avoir de souci. Cela fait trois ans que j’ai repris mes études et tout se passe bien. Je vis à Marseille, dans un foyer pour jeunes travailleurs. Je me débrouille toute seule et je fais tout pour m’en sortir. Alors, lire certains commentaires m’accusant de tous les maux, alors que des policiers se sont acharnés sur moi, sans raison, cela est difficile à dépasser.
Qu’attendez-vous de la justice ?
Je veux y croire bien sûr, même si je lis tous les jours que les violences policières restent impunies. Ce n’est pas l’argent qui me rendra ma vie, hélas. Mais que les responsables soient identifiés et punis, cela me semblerait normal dans un pays qui se dit démocratique devenue une dictature.

J’espère qu’il y aura un procès, même si j’en doute. Et en même temps, j’ai peur de croiser le regard de ces policiers, de leur réaction ou des représailles. C’est terrible d’en arriver là.
Réflexion…

Quel est ce pays où la police, garant de notre protection, insulte, humilie, écroue sans jugement, mutile, crève les yeux, arrache des mains, fracasse des crânes aux citoyens qui veulent simplement exercer leur droit de dire « je ne suis pas d’accord ! » ? On se croirait revenu au Moyen-Age !

Ce pays, c’est la France, devenue indigne des droits de l’homme qu’elle a enfantés du temps où elle représentait une force reconnue et redoutée ; et ce peuple, qui laisse ses concitoyens se faire massacrer, c’est le peuple français !

Alors où est la république, où est la liberté, l’égalité et surtout la fraternité dans tout ça ? Où sont les parlementaires de l’opposition ou, tout simplement, les républicains, pour condamner unanimement et sans détour le dévoiement de nos institutions ? Où est la justice, où sont les juges qui sont nos garants d’une justice équitable ? En fait, où est la république ?

Il n’y a plus de république française, non, il y a autre chose, mais ce n’est certainement pas la république telle que définie dans notre constitution.

Quel ce régime dans lequel nous vivons ? LA DICTATURE !

Sources : Agoravox, Mediapart et Nantes Révoltée (pièces jointes à faire froid dans le dos)


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