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15 mai 2022

FLASH - Les médecins signent une tribune au vitriol pour dénoncer le mauvais bilan de Hirsch

Après l'avertissement de fermetures des urgences, les médecins rajoutent une couche en signant une tribune au vitriol sur les Echos comme pour les médecins-psychiatres sur Le Parisien. Le système hospitalier est à deux doigts de se casser la gueule !

« L’hôpital public français a acquis depuis des décennies une réputation d’excellence [...] Nous vous alertons car ce système s’écroule et nous ne sommes plus en mesure d’assurer nos missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins ».

Voilà neuf ans maintenant que Martin Hirsch dirige d'une main de fer l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), gigantesque structure hospitalière de plus de 100 000 salariés. Très médiatique, l’ancien haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté multiplie les sorties dans les médias, plus ou moins heureuses (on se souvient de sa proposition de faire payer leurs hospitalisations aux non-vaccinés atteint de la Covid-19).

Dernière intervention en date, le directeur de l’AP-HP a fait publier le 3 mai dernier dans le journal Les Echos une série de propositions pour réformer l’hôpital public, telle que la mise en place d’un salarie modulée selon la spécialité ou la fin du statut de PH. Un programme qui n’a pas manqué de faire réagir des médecins franciliens, une trentaine d’entre eux ayant pris la plume et fait publier une tribune en réponse ce mardi (toujours dans les Echos). Mais plutôt que de répondre sur le fond des propositions, le collectif de praticiens préfère mettre Martin Hirsch devant son bilan de directeur de l’AP-HP, qu’ils jugent désastreux.

1 400 postes d’infirmiers vacants et 10 à 20 % de lits fermés

Les auteurs de la tribune abordent tout d’abord le bilan financier du haut fonctionnaire. « L’endettement a augmenté de 47 %, passant de 2,1 milliards d’euros en 2014 à 3,1 milliards d’euros en 2021 » constatent-t-ils, alors que le déficit s’élève à 290 millions d’euros en 2021. Les médecins attaquent ensuite Martin Hirsch sur sa politique de « grands projets qui prennent beaucoup de retard ». « Le nouvel Hôtel-Dieu, annoncé pour 2020, sera inauguré au mieux en 2026, s’il est inauguré un jour ; l’hôpital Nord, qui devait ouvrir en 2025, est repoussé de plusieurs années ».

Mais le gros des critiques de ce collectif de médecins se porte sur les conditions de travail et l’attractivité. Et d’égrener quelques chiffres : 1 400 postes vacants d’infirmiers, entre 10 et 20 % de lits fermés selon les services, 30 % de blocs opératoires à l’arrêt. Les médecins évoquent notamment la situation du service d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis, menacé de fermeture par manque de personnels et pointent du doigt les effets selon eux désastreux de la réforme du temps de travail mené en 2016 par Martin Hirsch, « un échec qui n’a fait qu’inciter davantage d’agents à quitter l’AP-HP ».

Un soignant sur deux exposé au burn out !

« L’accès au diagnostic et aux soins médicaux et chirurgicaux à l’hôpital public est extrêmement difficile, et les équipes soignantes démotivées. Les délais de programmation des interventions s’allongent, les soins urgents ne sont plus réalisés dans des délais raisonnables », alertent-ils. Conséquence : « Les usagers sont de plus en plus obligés de se tourner vers les établissements privés », déplorent les signataires.

Selon les responsables, de nombreux postes de soignants ne sont pas pourvus et des personnels vont jusqu’à quitter les hôpitaux. « 49 % des professionnels de santé sont exposés au burn out », constatent-ils.

Pour pallier ce problème, les signataires de la tribune proposent trois pistes. Ils appellent à « réviser à la hausse » l’objectif national des dépenses d’assurance maladie et à revaloriser « le salaire des personnels paramédicaux, infirmiers en premier lieu, et des médecins ». Plus globalement, cela signifie « une refonte complète » de l’hôpital public français.

Les soignants ont reçu le soutien de plusieurs partis, à l’instar du Parti socialiste. « L’hôpital se meurt et le gouvernement regarde ailleurs. Face à cet abandon du système de santé à la française, il est de notre responsabilité commune d’apporter des réponses »

L’abbé Pierre ou Caligula ?

La tribune critique également la mise en place par Martin Hirsch en 2018 de la « nouvelle AP-HP ». Une réforme reposant sur le regroupement en structures plus grandes, le nombre de groupes hospitaliers passant de 12 à 6, qui a « épaissi le millefeuille administratif et éloigné les décideurs du terrain » selon ses détracteurs. « Les personnels de ces ensembles étalés parfois sur des hôpitaux distants ont le sentiment d’être utilisés comme des pions ; cette réforme est un échec de plus ». La tribune conclue sans doute par ses attaques les plus graves, accusant Martin Hirsch de fermer les yeux sur les cas de harcèlement, voire de protéger les agresseurs. « La maltraitance ruisselle du sommet au bas de l’échelle ».

Les médecins auteurs de la tribune le concèdent : Martin Hirsch n’est pas le seul responsable des difficultés de l’AP-HP. L’ensemble de l’hôpital public connait des difficultés structurelles (pénurie de médecins, manque d’attractivité, lourdeurs administratives…) qui ont été accentuées par la crise sanitaire. Ce que les auteurs de la tribune reprochent avant tout à l’ancien président d’Emmaüs, c’est un certain mépris pour les médecins et une gestion brutale. « Ceux qui ne le connaissent pas le prennent pour l’abbé Pierre, ceux qui le connaissent pour Caligula » disait le Dr Gérard Kierzk en 2020. Sources : Jim et RT

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