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2 janvier 2023

FLASH - Quand la santé se casse la gueule !!

Urgences plus que saturées, médecins en grève illimité, 95% du personnel soignant de l'hôpital de Thionville OUT, les laboratoires biologiques promettent un janvier noir,... se faire soigner devient un parcours du combattant alors ce n'est pas le moment de tomber malade ou de se péter la jambe. L'avertissement de mai 2022 et la tribune au vitriol sont toujours d'actualité vu le système de santé français est au bout du rouleau. SOS Médecins parle même de tensions inédites.

L’hôpital à bout de souffle ! Un 1er janvier à l’hôpital public : « On marche en avant vers le grand nulle part (et le néant) »

En ces vacances de fin d’année, les malades ont encore débordé des urgences des hôpitaux. À Bordeaux, certains ont attendu sept heures et demie dans le camion des pompiers. À Metz-Thionville, l’ancien hôpital du ministre de la santé a monté des tentes normalement réservées aux catastrophes.

L’hôpital a terminé l’année 2022 comme il l’a traversée : dans une situation de crise chronique, qui ne cesse de s’approfondir.

Au soir du réveillon, c’est l’heure de faire le point pour le docteur Mathieu Doukan, médecin urgentiste au CHU de Bordeaux (Gironde). Son état d’esprit rejoint sans doute celui de nombre d’hospitaliers : « Je suis en famille, et on réfléchit ensemble à la suite. Je suis un des derniers médecins urgentistes à travailler à temps plein à l’hôpital Pellegrin. Je réfléchis à faire autre chose, au moins à temps partiel, pour gagner autant en travaillant moins. Ce que je ne supporte plus, c’est l’absence de perspectives. On vit dans le film "Le Jour sans fin". Quoi que vous fassiez, c’est inéluctable : les journées recommencent avec 10-15 patients qui attendent d’être vus dans les couloirs, et d’autres encore dans le hall d’entrée. Et on ne ne nous promet rien pour sortir de là. On marche en avant vers le grand nulle part. »

Ces vacances de fin d’année, les points chauds de la crise de l’hôpital se situent à l’ouest de la France, dont la démographie vieillissante augmente et où les structures hospitalières, qui n’ont pas suivi, sont débordées, comme à Bordeaux, Rennes ou Saint-Nazaire.

En Île-de-France, les hôpitaux du plus grand CHU de France, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), sont eux aussi en difficulté. Et un nouvel hôpital vient de craquer, collectivement, celui de Metz-Thionville, là où travaillait, comme chef des urgences, l’actuel ministre de la santé, François Braun.

À Bordeaux, des files d’attente d’ambulances

Sur la page Facebook du syndicat CFDT, des pompiers de Bordeaux s’échangent ces images de file d’attente d’ambulances devant les différents services d’urgence de la ville de Bordeaux. La première photo a été prise le 21 décembre devant la polyclinique Bordeaux Rive droite située à Lormont, sur la rive droite de la Garonne, la deuxième, cette semaine devant les urgences de l’hôpital Pellegrin, les plus importantes du CHU de Bordeaux.

Guillaume Millet, responsable syndical CFDT du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de la Gironde, décrit « des urgences, publiques et privées, débordées, dans des établissements où il n’y a plus de lits disponibles, avec un personnel hospitalier à bout de force. Et on se prend, en prime, la grève des médecins libéraux. Faute de médecins de ville disponibles, les gens appellent le 15, qui ne prennent pas de risques et envoient les pompiers au domicile, qui transfèrent aux urgences des urgences non urgentes. Ce n’est normalement pas notre mission. Et là, on peut attendre longtemps… »

La journée du 21 décembre a été particulièrement difficile : « Pour certains collègues, l’attente n’a duré que 1 ou 2 heures, mais pour d’autres, l’attente se sera prolongée jusqu’à sept heures et demie ! Le tout bien sûr avec un patient dans la cellule du VSAV », le véhicule de secours et d’assistance aux victimes des pompiers.

Pendant ces heures d’attente dans l’ambulance, les patients ne sont pas tous vus par un médecin : « On doit parfois aller chercher un personnel hospitalier, quand la victime n’est visiblement pas en forme », raconte encore le pompier Guillaume Millet.

Le médecin urgentiste Mathieu Doukhan confirme. Il travaille aux urgences de l’hôpital Pellegrin, les plus importantes de la région, où il y a parfois « de 1 à 2 heures d’attente pour que les infirmiers d’accueil et d’orientation voient les patients dans les ambulances. À Pellegrin, les médecins se déplacent dans les ambulances, on essaie de les voir dans l’heure, ce qui est déjà beaucoup trop long ». Il confirme que la situation est encore pire dans les cliniques privées : « Les ambulances sont à la queue leu leu, il y a plusieurs heures d’attente. Il y a un défaut d’organisation des structures privées. »

Le 31 décembre, les urgences de la polyclinique de Bordeaux Rive droite ont même été fermées, faute de personnel médical, a annoncé l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine.

Des secouristes en renfort à Saint-Nazaire

À l’hôpital de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), la direction a dû faire appel à « des secouristes bénévoles, de la protection civile, raconte l’infirmier Fabien Paris, membre du collectif Inter Urgences. Ils aident au brancardarge, au repas, à l’accompagnement des toilettes de tous les patients hospitalisés sur des brancards dans les couloirs d’urgence, parce que la totalité des lits de l’hôpital sont occupés ».

Saint-Nazaire est confrontée, comme tous les autres hôpitaux, à l’épidémie de grippe, toujours ascendante : « Les malades, souvent de plus de 60 ans, développent des pneumonies, ils s’étouffent, décrit l’infirmier. Pourtant, l’hôpital a déclenché le plan blanc depuis début décembre : la chirurgie a été déprogrammée, du personnel a été rappelé, des patients renvoyés vers des Ehpad et des services de soins de suite. Mais le flux entrant est supérieur au flux sortant. On ne sait plus quoi faire. »

Source : Mediapart (via Reddit)

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