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29 juillet 2019

Flash Back - La canicule de 2003 : un été meurtrier

En août 2003, les Franciliens suffoquent à cause d'une vague de chaleur exceptionnelle. Le plus long épisode caniculaire jamais enregistré depuis la création des relevés météorologiques en 1873. Pourtant à ce moment, personne ne réalise ce qui est en train de se jouer. En deux semaines, presque 15 000 personnes meurent de chaud dans l'Hexagone, dont un tiers en Île-de-France. Principalement des personnes âgées décédées seules chez elles ou à l'hôpital, révélant l'isolement social que nombre de nos aînés connaissent alors.

Chaleur intense, les systèmes de climatisation réglés au maximum ! Nous sommes le lundi 11 août 2003 à Paris. Depuis maintenant plus d'une semaine, une vague de chaleur sans précédent frappe une France en vacances. Équipes de secours, pompiers, médecins, se retrouvent confrontés à une situation inhabituelle. Rapidement, les services d’urgence sont débordés, et les morts commencent à s’accumuler... Dans les hôpitaux, médecins et personnel administratif livrent un combat inégal. Jour et nuit. Sans relâche. Et seuls. Car le gouvernement est lui aussi en vacances... De sanitaire, la crise devient funéraire. Les pompes funèbres sont à leur tour dépassées. À la fin du mois d'août, la France compte ses morts : la canicule vient de faucher près de 15 000 personnes. Alors pourquoi n'a-t-on pas su éviter ce drame ? Pour quelles raisons les premiers signaux d’alarme n’ont-ils pas été entendus ? Qu'a révélé de notre société ce tragique épisode ? Pour le savoir, il faut remonter le fil des événements...



FLASH - La vigilance rouge est déclenchée sur 4 départements du sud-est, une première dans l'histoire de la météo en France. En effet, les températures peuvent grimper au-delà des 45° C dans cette zone entraînant la fermeture des écoles, surconsommation d'électricité en raison des clims poussées à fond, piscines et centres aquatiques prises d'assaut (= Pool-Run), coupures d'électricité quand les transformateurs disjonctent à cause de la chaleur, voies ferrées qui se dilatent, explosion de ventes de ventilateurs et climatiseurs, feux de forêt,....

FLASH 2 - Selon Infoclimat, 45,6° C enregistrée au Triadou dans l'Hérault (température relevée à l'ombre à 16 heures). Autrement dit, la France est en train de griller !

A 18h00 : le record national de température s'établit au final à 45,9°C à Gallargues-le-Montrieux dans le Gard ce 28 juin 2019. Deux autres localités du Gard ont dépassé la barre des 45°C : Marsillargues avec 45,1°C et Villevieille avec 45,4°C. Les grandes villes du Languedoc-Roussillon à la Provence ont pour la plupart battu des records absolus de chaleur : Nîmes avec 44,4°C, Carpentras 44,3°C, Avignon 42,7°C, Montpellier 42,0°C, Perpignan 41,9°C. La ville du Mans a battu un record de chaleur avec 37,7°C (ancien record 37,5°C le 21 juin 2017).

En raison du réchauffement climatique et dans un futur proche, les températures pourraient dépasser les 50°C notamment en Europe du Sud et la France n'échappera pas à cette chaleur extrême.

FLASH 3 - Vigilance rouge déclenchée dans le Nord en raison de températures extrêmes (entre 40 et 43° C) et concerne 20 départements notamment les Haut-de-France et la région parisienne soit le quart de la population, du jamais vu dans l'histoire de la météo. 42,6° C enregistrée à Paris faisant le record absolu.

Voici une liste non exhaustive des records absolus de chaleur battus en ce 25 juillet 2019 dans le Nord : Paris 42,6°C (40,4°C en 1947), Melun 41,9°C ( 39,4°C en 2015), Romorantin 41,9°C (41,2°C en 2003), Orly  41,8°C  (40°C en 2003), Troyes 41,6°C (40,6°C en 2003), Beauvais 41,5°C (39°C en 2003), Lille 41,4°C (37,6°C en 2018), Rouen 41,3°C (38,1°c en 2003), Dunkerque 40,9°C (38,3°C en 2006), Dieppe 40,1°C (38,3°C en 2015).

A qui la faute ? C'est le blocage en omega qui est responsable des canicules intenses de ces dernières années. Sur le montage ci-dessous, la France est en plein milieu du bloc omega - sous l'anticyclone pris en sandwich entre les dépressions - donc les températures s'envolent avec l'air très chaud qui remonte depuis l'Afrique lors des canicules (cliquez pour agrandir le montage)

12 juillet 2019

Les clés de l'Univers - A la découverte des lunes dans l'Univers

Ce document révèle tout ce qu'il faut savoir sur les crashs de corps célestes, et la façon dont les scientifiques les appréhendent. Elle nous entraîne également à la découverte de notre système solaire et aux confins de galaxies lointaines. Dans cet épisode, au rythme d'un fabuleux voyage dans l'espace, nous avons le privilège de pouvoir observer au plus près les véritables « batailles cosmiques » que se livrent météorites, astéroïdes, comètes, étoiles filantes...

10 juillet 2019

Cambriolages, des victimes sous le choc : le fléau de l'été

A la veille des vacances d'été, policiers et gendarmes sont sur les dents. Avec plus de 450 000 cambriolages en 2008, la période estivale est propice aux vols avec effraction. Nos caméras ont suivi durant plusieurs mois le quotidien des gendarmes, des policiers et des magistrats confrontés à ce fléau qui empoisonne la vie des Français. Entre Paris et la Picardie, comment les enquêteurs traquent-ils les gangs de cambrioleurs ? Comment luttent-ils contre ces bandes très organisées ? Des cambrioleurs parfois mineurs, qui le plus souvent réussissent à éviter les foudres de la justice.

9 juillet 2019

CARTON ROUGE - Quand les violences conjugales explosent !

Tué(e)s par arme blanche, à coups de fusil, étranglement et étouffement,... parfois sous l'effet de l'alcool ou drogues. UNE HECATOMBE ! Les conjoints se faisant plaquer devenant des machines à tuer doivent mériter la peine maximale, soit la réclusion criminelle à perpétuité ! Il faut que la justice française stoppe à tout prix le laxisme avec ses peines légères voire la relaxe en n'appliquant pas la loi en vigueur et que fait la police ?

En cas de violences conjugales, composez le 17 et si vous êtes en couple avec un conjoint(e) violent(e) : CASSEZ-VOUS et engagez direct le bannissement immédiat et sans discuter pour violences volontaires et harcèlement.

A la rentrée, un grenelle des violences conjugales verra le jour et le gouvernement français doit se sortir les doigts du cul pour enrayer ce carnage. Aussi, il y a des hommes qui ont été battus par leurs conjointes selon Le Monde et les violences conjugales ont un impact sur les enfants dont certains ont témoigné

Le Parisien - « Plus jamais ça ! » environ 2 000 personnes se sont rassemblées samedi place de la République à Paris pour réclamer des mesures immédiates et concrètes contre les féminicides en France, à l'appel d'un collectif de familles et proches de victimes. Depuis le début de l'année, 74 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. Beaucoup d'entre elles avaient pourtant porté plainte avant d'être tuées. "Il faut arrêter le massacre", a martelé l'actrice Julie Gayet, venue soutenir les associations de lutte contre les violences conjugales. A ses côtés, la comédienne Muriel Robin, investie aussi dans cette lutte depuis plusieurs mois, a lancé face à la foule un appel destiné directement au Président Macron : "Vous avez parlé de cause nationale : où en êtes-vous ? Combien coûte la vie d'une femme ?"

7 juillet 2019

Attentats, interventions, sélections drastiques : immersion exclusive au coeur du GIGN

Quand les forces traditionnelles ne sont plus en mesure d'endiguer une menace, le GIGN est appelé en renfort.

Unité d'élite par excellence, le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale est appelé pour gérer les crises et les missions les plus dangereuses et les plus délicates tel que les attaques terroristes. Les équipes du GIGN sont spécialement entraînées pour faire face aux prises d'otages, détournements d'avion, assauts de navire ou attaques chimiques ou biologiques. Sélection drastique, équipement de pointe, opération sous tension... des journalistes ont pu suivre pendant plusieurs mois le quotidien de l'unité.


6 juillet 2019

SOS météo catastrophe - Quand la météo s'emballe !

Depuis le début du XXe siècle, les catastrophes naturelles se multiplient à travers le monde. En 2008, des sécheresses records affectent plus de 3 millions de personnes en Inde. Aux Etats-Unis, cela fait plusieurs années que la sécheresse ravage les cultures à l'ouest du pays. L'Europe a quant à elle connu une vague de froid exceptionnelle. Ces dérèglements inquiètent les scientifiques. Sont-ils dus aux aléas du temps, ou à un dérèglement climatique général ? Et dans ce cas, quelles sont les raisons de ce phénomène ? Météorologistes, climatologues et chasseurs de tornades tentent de répondre à cette question.


VIDEO 1 - VIDEO 2

5 juillet 2019

Les manifestations des Gilets Jaunes en France et la résurgence de la lutte de classe internationale

Il y a 7 mois, des centaines de milliers de manifestants des  Gilets Jaunes (GJ) se sont rassemblés sur les médias sociaux pour s'opposer à la politique anti-ouvrière du président des riches français, Emmanuel Macron. Enfilant des gilets jaunes haute visibilité pour protester contre les taxes dégressives sur le carburant de Macron, ils ont dénoncé les bas salaires, l'austérité et le militarisme de l'État policier. Les manifestations, qui ont suscité la sympathie de la grande majorité des travailleurs et ont révélé que Macron était un personnage isolé et vénéré, sont devenues le plus important mouvement d’opposition politique en France depuis la grève générale de mai 1968.

Ces manifestations marquent un tournant en France et à l’international, marquant la première rentrée de la classe ouvrière sur la scène politique.

La colère provoquée par l'inégalité sociale, la pauvreté et la misère de plus en plus profondes, l'enrichissement d'une petite élite et la répression étatique commencent à faire irruption parmi les travailleurs du monde entier. À côté des GJ se déroule la plus grande recrudescence du prolétariat mondial au cours des dernières décennies. Des grèves massives d'enseignants américains, des grèves sauvages des travailleurs de la maquiladora mexicaine et des grèves contre le gel des salaires dans l'Union européenne (UE) ont éclaté parallèlement aux grèves des travailleurs des plantations et des fonctionnaires du sous-continent indien et des manifestations massives pour le renversement des régimes militaires au Soudan et l'Algérie. Ces luttes ont toutes provoqué un rejet militant du diktat des banques et des revendications de profond changement social.

Après sept mois de manifestations «en gilet jaune», il est essentiel de tirer les leçons de la lutte jusqu’à présent, sur la base d’une évaluation franche et sans faille de la situation à laquelle les travailleurs sont confrontés.

Alors que les Etats-Unis menaçaient de plus en plus de faire la guerre à l’Iran et à la Chine, l’aristocratie financière a refusé de faire quelque concession que ce soit à ces luttes, en France et à l’international. Depuis le début des manifestations contre les GJ, Macron a annoncé des attaques fondamentales contre ce qui reste des droits sociaux établis après la défaite du nazisme par les Soviétiques au cours de la Seconde Guerre mondiale - remplacer les retraites par une "pension par points", de valeur monétaire indéterminée, éliminant emploi à vie dans le secteur public et sabrer dans le financement de la santé et de l’éducation. Il est de plus en plus évident que les travailleurs ne peuvent pas effectuer de changement par le biais de négociations avec les représentants politiques de la classe capitaliste.

Les GJ ont fait face à une attaque sans précédent de la part de la police. Des dizaines de milliers de policiers armés de voitures blindées, de canons à eau, de grenades assourdissantes, de balles avec des sacs de haricots et de fusils automatiques ont blessé plus de 2 000 personnes, dont des dizaines ont perdu la main devant les grenades de la police ou les yeux. Rien que le 8 décembre, plus de 7 à 9 000 personnes ont été arrêtées lors des plus grandes arrestations de masse en métropole depuis l'occupation nazie. Cela a culminé en mars, lorsque Macron a autorisé l'armée à déclencher des manifestations sociales pour la première fois en France depuis les grèves insurrectionnelles de 1947, le dernier soulèvement des travailleurs en France, juste après la Seconde Guerre mondiale et la chute du fascisme.

La question décisive est : quelles perspectives révolutionnaires sont nécessaires pour le mouvement émergent de la classe ouvrière internationale? Le mouvement GJ a défendu les perspectives du Comité international de la IVe Internationale (ICFI) et de sa section française, le Parti de l'égalité socialiste (PES). La restauration du capitalisme en Europe orientale et en Chine en 1989 et la dissolution de l'Union soviétique en 1991 par les régimes staliniens n'ont pas marqué la fin de l'histoire et le triomphe final d'un ordre capitaliste démocratique. La période où l'impact de ces événements suffisait à réprimer la lutte des classes est révolue. Après 30 ans d’escalade de la guerre impérialiste et une décennie de crise économique depuis le crash de Wall Street en 2008, le spectre d’une action révolutionnaire consciente de la classe ouvrière hante à nouveau l’aristocratie financière.

Le mouvement GJ a également confirmé l'analyse par le CIFI de la forme que prendrait la résurgence de la lutte des classes. C'est une rébellion internationale contre les syndicats, les partis social-démocrates et staliniens et leurs alliés parmi les descendants pablistes des renégats petits-bourgeois du trotskisme. Même en France, centre de ces tendances politiques, la protestation militante n’a pas émergé de l’une de leurs manœuvres, ni de l’une de leurs factions dissidentes, mais totalement hors de leur contrôle.

Cette recrudescence initiale de la lutte des classes a révélé le fossé qui sépare les travailleurs des couches aisées de la classe moyenne enracinées dans le mouvement étudiant post-1968, qui ont longtemps dominé ce qui passe pour la politique de soi-disant gauche. Pendant des semaines, les bureaucrates syndicaux, des universitaires financés par l'État et des experts des médias de la pseudo-gauche de la classe moyenne ont boycotté les manifestations, cherchant refuge dans de minuscules rassemblements féministes #MeToo ou chez eux. Leur focalisation sur la sexualité, la race et le mode de vie n'a joué aucun rôle dans les protestations contre l'inégalité sociale qui a éclaté parmi les 90% les plus pauvres de l'échelle des revenus.

Terrifiés par un soulèvement révolutionnaire venu d’en bas, ils se sont opposés aux «gilets jaunes». Les syndicats ont mis fin aux grévistes et aux grévistes dans les ports, ont appelé à la solidarité avec les GJ dans les premières semaines de la manifestation. Faisant écho aux calomnies nauséabondes des staliniens français à l'égard du mouvement trotskyste au XXe siècle sous le nom des "hitlériotrotskistes", le président de la Confédération générale du travail (CGT), a répété à maintes reprises qu'ils étaient des faschos, laissant entendre que le "brun" était caché sous leur gilet jaune . De nombreux partis, comme le Nouveau parti anticapitaliste pabliste (NPA), ont repris ses propos. Même ceux qui étaient moins ouvertement hostiles, comme la LFI (La France Insoumise) de Jean-Luc Mélenchon, ne jouaient pas un rôle sensiblement différent : malgré l'obtention de 7 millions de voix à l'élection présidentielle de 2017, LFI n'a organisé aucune manifestation pour soutenir les GJ.

Les GJ ont mis en évidence un point essentiel : pour mener une lutte puissante, les travailleurs et les jeunes doivent se mobiliser indépendamment des syndicats et des partis pseudo-gauchistes petits-bourgeois. L’éclosion de premières luttes indépendantes n’a fait que soulever de manière encore plus nette les problèmes politiques que les travailleurs du monde entier ont dû affronter dans cette nouvelle ère révolutionnaire. Léon Trotsky a expliqué, dans sa grande Histoire de la révolution russe :
Les masses entrent dans une révolution non pas avec un plan de reconstruction sociale préparé, mais avec le sentiment vif qu'elles ne peuvent pas supporter le vieux régime. Seules les couches dirigeantes d'une classe ont un programme politique, et même cela nécessite toujours la mise à l'épreuve des événements et l'approbation des masses. Le processus politique fondamental de la révolution consiste donc dans la compréhension progressive par une classe des problèmes découlant de la crise sociale: l'orientation active des masses par une méthode d'approximations successives.
Les manifestations GJ ont éclaté au début de ce processus. Des centaines de milliers de travailleurs et de membres de la classe moyenne appauvris ont conclu qu'il était inutile de faire appel aux partis établis ou aux syndicats, qui ne feraient que vendre et mettre fin à toute lutte. Ayant précédemment voté pour des partis de toutes les couleurs, ils se sont unis pour lancer des appels à la révolution contre Macron. Mais dans cette première approximation, les questions de perspective et de programme restent en suspens. Il n'y avait pas d'accord sur ce qui remplacerait Macron. Certains «gilets jaunes» ont refusé toute discussion sur la politique en tant que facteur de division ou ont rejeté le socialisme en tant que politique de la périphérie petite-bourgeoise discréditée du Parti socialiste (PS) des grandes entreprises en France. Confrontés à des appels incessants dans les médias pour formuler des demandes pouvant être acceptées par Macron, ils ont avancé des slogans comme le référendum à la suisse de type suisse, initialement proposé par Mélenchon, appelant au transfert du pouvoir à la population.

Les efforts de réforme de la démocratie parlementaire française ont toutefois échoué. L’Assemblée nationale refuse d’adopter le RIC et la protestation des militants n’a fait que convaincre l’État de renforcer sa répression. De nombreux GJ estiment que la voie à suivre consiste à mobiliser le soutien de masse qu’ils ont parmi les travailleurs. Mais, quel que soit le sentiment de sympathie des travailleurs pour les «vestes jaunes», ils ne voient pas les slogans comme le RIC comme une base pour une confrontation révolutionnaire avec le régime Macron, l’UE et les marchés financiers mondiaux.

Le tour doit être aux perspectives avancées en France par le PSE. Il a défendu sans compromis les GJ, s'opposant à leur répression par l'État et à leur diffamation par les médias et les principaux partis, y compris la pseudo-gauche. Il a insisté sur la nécessité pour les travailleurs de constituer des comités d’action indépendants, en France et à l’international, sur la perspective trotskyste de la lutte pour le pouvoir politique, et de construire le CIQI en tant qu’avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière. Tous les jours, les événements confirment que les alternatives auxquelles la classe ouvrière est confrontée ne sont pas une réforme ou une révolution, mais une révolution ou une contre-révolution. Le seul moyen d'arrêter les attaques contre le niveau de vie des travailleurs et travailleuses consiste à mobiliser tout le pouvoir industriel et économique de la classe ouvrière internationale pour prendre le contrôle de l'économie, exproprier l'aristocratie financière et prendre le pouvoir de l'État.

La dictature de l'aristocratie financière

Les politiques d'austérité et de répression policière et militaire sont enracinées dans une crise objective et historique du capitalisme mondial. La période écoulée depuis la dissolution de l'Union soviétique n'a pas été uniquement marquée par l'enrichissement obscène d'une infime aristocratie financière dans tous les pays. La mondialisation économique a considérablement exacerbé les contradictions du capitalisme - entre l'économie mondiale et le système des États-nations, entre la production socialisée et l'accumulation de profits privés - ce qui a conduit, au XXe siècle, à la guerre mondiale et à la dictature fasciste, mais également à la société. révolution.

Libérées de l'obstacle politico-militaire posé par l'Union soviétique, les puissances de l'OTAN ont envahi l'Irak, les Balkans, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Mali et au-delà, pillant les zones stratégiques riches en pétrole d'Asie et d'Afrique. Cette campagne de guerre impérialiste, qui a coûté la vie à des millions de personnes, est allée de pair avec des attaques contre les salaires et les conditions sociales qui ont aggravé les inégalités sociales, l'instabilité économique et les crises financières. Le krach boursier de Wall Street en 2008, causé par les spéculations criminelles des banques, a presque détruit le système financier mondial.

Les puissances de l'UE ont réagi en injectant des milliards de dollars dans les poches des super-riches, fondées sur des mesures d'austérité et ciblant le reste des concessions sociales faites aux travailleurs européens après la défaite de l'Allemagne nazie par l'Union soviétique au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont lancé de vastes attaques contre les soins de santé universels, une éducation publique gratuite et des protections contre les licenciements arbitraires. Cela a été résumé par le pillage de la Grèce par l'Union européenne, qui dure depuis une décennie, qui a plongé ce pays dans la récession la plus profonde que l'Europe ait jamais connue depuis la restauration capitaliste dans l'Union soviétique elle-même. Au milieu d'une vaste croissance de la misère sociale, la richesse des milliardaires français a plus que triplé depuis 2008, tandis que Macron consacre des centaines de milliards d'euros à la construction de la machine de guerre française et européenne, et rétablit progressivement le service militaire universel pour se préparer à des guerres encore plus grandes .

Les stratèges de la classe dirigeante savent que pour continuer à imposer de telles politiques, face à la colère croissante et au militantisme de la classe ouvrière, il faut passer à un régime autoritaire-fasciste. Dans une note de 2013 rédigée pendant la crise de l'euro, la banque JP Morgan a évoqué les obstacles qu'elle espérait pouvoir détruire pour restructurer la périphérie méridionale de l'Europe. Elle écrivait :
Les constitutions tendent à exercer une forte influence socialiste, reflétant la force politique acquise par les partis de gauche après la défaite du fascisme. ... Les systèmes politiques périphériques présentent généralement plusieurs des caractéristiques suivantes: États centraux faibles par rapport aux régions; protection constitutionnelle des droits du travail; systèmes de concertation favorisant le clientélisme politique; et le droit de manifester si des changements non souhaités sont apportés au statu quo politique. Les faiblesses de cet héritage politique ont été révélées par la crise.
Pour la bourgeoisie européenne, la crise actuelle marque la fin des concessions démocratiques faites à la classe ouvrière après la Seconde Guerre mondiale. A cette époque, le capitalisme européen était discrédité par la mort de dizaines de millions de personnes pendant la guerre, la répression fasciste et l'holocauste. Pour justifier la préservation du capitalisme en France, le Parti communiste français (PCF), les sociaux-démocrates et les adeptes bourgeois du général Charles de Gaulle, réunis au sein du Conseil national de la résistance (CNR), ont promis de procéder à "l'éviction du grand aristocraties économiques et financières de par leur rôle dominant dans l'économie." Ils ont nationalisé plusieurs industries, créé des systèmes de santé et de retraite de la sécurité sociale et inscrit le droit de grève et de protestation dans la constitution française, gage que l'interdiction de la lutte de classe sous les nazis ne reviendrais jamais. Des dispositions similaires ont été adoptées en Italie, puis dans une grande partie de l'Europe capitaliste.

75 ans plus tard, ce qui reste de ce système politique s'effondre. Les partis sociaux-démocrates européens, comme le Parti socialiste (PS) des grandes entreprises en France, qui a fini par dominer ce que la soi-disant gauche française avait adopté après la grève générale de 1968, se désintègrent sous la colère grandissante de la classe après des décennies d'austérité et de guerre. Une nouvelle étape de la lutte des classes est apparue. Déchirant les droits qu'il avait promis de défendre à tout jamais, la bourgeoisie est en train de reconstruire des régimes fascistes.

Le fait que cette politique soit poursuivie à travers l’Europe montre qu’elle est enracinée non pas dans l’obstination personnelle de certains hommes politiques comme Macron, mais dans des intérêts de classe objectifs. En Allemagne, tous les principaux partis bourgeois couvrent des professeurs d'extrême droite comme Jörg Baberowski, qui blanchissent les crimes d'Hitler afin de légitimer les politiques impopulaires d'austérité et de remixage de la politique étrangère allemande. Parallèlement, l’alternative néo-fasciste pour l’Allemagne (AfD) est systématiquement mise en place au Parlement allemand. En Espagne, après la répression par Madrid du référendum sur l'indépendance de 2017 en Catalogne, l'armée et la police ont promu le parti Vox, qui rend hommage à l'armée fasciste qui a lancé le coup d'État et à la guerre civile espagnole de 1936-1939. Vox appelle également à l'interdiction des partis marxistes. Le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, homme fort d'extrême droite italienne, applaudit le dictateur fasciste Benito Mussolini. Et, alors qu'il lançait la campagne de répression contre les manifestations GJ, Macron a salué le dictateur du régime français Vichy - le traître condamné et le meurtrier de masse condamné - comme un grand soldat.

Les conclusions qui découlent de ces changements tectoniques de la politique européenne et mondiale ne peuvent être tirées que dans une perspective historique. Comme le prétendent les médias français, la gauche et le socialisme sont morts. Les promesses du CNR de limiter le pouvoir de fidélité économique et financière dans un cadre national régnant sous le capitalisme se sont révélées fausses, et les tendances staliniennes, sociales-démocrates et gaullistes du CNR - qui ont servi de cadre à la politique française officielle pendant des décennies - sont tous en faillite. Aujourd'hui, une aristocratie financière mondiale est réapparue. Il ne s'agit pas seulement de dévorer toute la richesse sociale créée par la classe ouvrière pour nourrir ses fortunes obscènes, mais également de réhabiliter les criminels fascistes du XXe siècle afin de mettre en place des régimes autoritaires au XXIe siècle.

La figure colossale qui apparaît comme l'alternative historique à cette désintégration de la politique européenne officielle est Leon Trotsky. Le co-leader de la révolution d'Octobre avec Lénine et fondateur de la IVe Internationale contre la dégénérescence nationaliste de la bureaucratie soviétique sous Staline, n'a pas seulement correctement prévenu du rôle contre-révolutionnaire du stalinisme au sein de l'Union soviétique. Sa défense du programme de la révolution socialiste mondiale contre le stalinisme a fondé un mouvement qui, longtemps après l'assassinat de Trotsky par un assassin stalinien le 21 août 1940, offre toujours une perspective internationaliste marxiste à la classe ouvrière.

Après la Seconde Guerre mondiale, le seul mouvement trotskyste s'est opposé aux partis staliniens, y compris le PCF, alors parti dominant dans la classe ouvrière française, en bloquant la révolution socialiste en Europe. Avant la guerre, Staline avait ordonné l'assassinat de Trotsky, l'assassinat des survivants d'anciens bolcheviks lors du procès à Moscou et le génocide politique des marxistes en URSS lors des Grandes Purges. À la fin de la guerre, Staline a convenu avec les chefs des partis staliniens d'Europe, y compris le PCF, que la classe ouvrière ne prendrait pas le pouvoir. Les trotskystes s'opposaient à la dissolution par des staliniens d'organisations indépendantes de lutte de la classe ouvrière qui s'étaient formées en France et en Europe lors de soulèvements contre le fascisme, notamment des milices de la résistance et des comités d'usine que les partis staliniens avaient désarmés et dissous. La Quatrième Internationale s'oppose également au vote de la constitution française de 1946 basée sur le programme du CNR, prévenant correctement qu'une république capitaliste trahirait inévitablement les espoirs encouragés par les travailleurs et les travailleuses.

Cette évaluation historique - confirmée par les sanglantes guerres coloniales françaises en Indochine et en Algérie, puis par la vente à outrance de la grève générale de mai 1968 du PCF au cours de laquelle il a refusé de prendre le pouvoir - est aujourd'hui justifiée par le passage de la bourgeoisie à des formes de régime autoritaires à travers l'Europe.

Le mouvement GJ a également souligné l'importance historique de la lutte du CIQI contre les renégats pablistes petits-bourgeois issus du trotskisme. Le NPA pabliste est dirigé par d'anciens manifestants étudiants de 1968, qui se sont ralliés à la tendance petite-bourgeoise dirigée par Michel Pablo et Ernest Mandel, qui s'était séparée du CIJ en 1953, appelant la Quatrième Internationale à se liquider en partis nationalistes de masse, staliniens et bourgeois nationalistes. de cette époque, affirmant que ceux-ci pourraient remplacer la IVe Internationale en tant que direction révolutionnaire de la classe ouvrière. Les pablistes se sont ainsi adaptés à l'organisation capitaliste d'après-guerre en Europe occidentale que les staliniens ont contribué à créer. Dans son livre Trotskysmes , le regretté NPA et Daniel Bensaïd, dirigeant étudiant de 1968, expliquaient la division des pablistes avec l'ICFI : "À la fin des années 1940, les conditions dans lesquelles la IVe Internationale avait été créée avaient considérablement changé. Son programme devait être redéfini. Pablo a osé effectuer cette mise à jour. … Pablo a compris comment, déjà dans les années 50, on pouvait soulever de manière audacieuse les questions de la libération des femmes, de l'autogestion et du socialisme démocratique." C'est-à-dire que Pablo a proposé de liquider le programme trotskyste du CIFI et de le remplacer par des conceptions populaires parmi les couches sociales aisées. qui est devenu intégré au régime capitaliste d'après-guerre de l'Europe occidentale.

Les GJ ont émergé dans une rébellion contre ce type de politique de mode de vie et d'identité, qui est passée pour la «gauche» depuis un demi-siècle depuis 1968. Ses prétentions d'être une alternative plus démocratique et moderne au trotskisme et au marxisme classique défendu par le PSE étaient une fraude. Au lieu de cela, les partis qui s’appuient sur ces politiques s’adaptent au capitalisme, même lorsqu’il se retourne vers un régime fasciste et la poussée vers la guerre mondiale.

Les GJ et la faillite de la pseudo-gauche

Le compte rendu des manifestations contre les GJ a confirmé l’analyse du CIQI selon laquelle le NPA et des partis similaires au niveau international ne sont ni de gauche ni d'extrême gauche, mais des partis pseudo-gauche anti-marxistes basés dans la petite bourgeoisie aisée, séparés par un gouffre de classe des ouvriers. Alors que la dictature s'emparait de l'Europe, ils ont réagi à la plus grande recrudescence de la lutte des classes en France en un demi-siècle, dégoutant et alarmant. Au cours des premières semaines de manifestations, les staliniens et les pablistes n'ont pas hésité à cacher leur hostilité aux GJ, les dénonçant en tant qu'agents fascistes de la grande entreprise. Alors que la CGT stalinienne les qualifiait de «manipulation de la colère des citoyens et des travailleurs par les intérêts de l'extrême droite et du transport routier», le NPA les attaqua avec férocité. Il a écrit:

Tout comme les syndicats CGT et Solidarité, nous ne mélangerons pas notre colère samedi 17 novembre avec les manœuvres des patrons exploités par l'extrême droite, qui n'est pas un allié temporaire, mais qui reste un ennemi mortel. Oui, tout augmente, sauf les salaires, et les classes inférieures ont raison d'être fatiguées des hausses de prix du carburant et des prix en général… Mais nous ne pouvons pas le dire le samedi 17 novembre, dans les actions ou supposés rassemblements de citoyens qui ressemblent à des groupes d'extrême droite dans lesquels nous nous alignerions avec les ennemis les plus meurtriers du mouvement ouvrier.

Les déclarations du NPA et des soi-disant syndicats «de gauche» méritent d’être rappelées. Ils illustrent très clairement la psychologie de classe des forces sociales privilégiées constituant la pseudo-gauche, axée sur les politiques postmodernistes de genre, de style de vie et d'identité ethnique. Face aux revendications d'une plus grande égalité sociale pour les classes inférieures, ils dénoncent les classes inférieures, c'est-à-dire les travailleurs, en tant que fascistes, au nom du mouvement ouvrier, c'est-à-dire bureaucratie syndicale subventionnée par l’Etat et la classe moyenne aisée.

La déclaration de la NPA était une calomnie sans fondement. Les GJ sont socialement et politiquement hétérogènes, comprenant des couches de classe moyenne appauvrie et de travailleurs indépendants, vivant avec des revenus ou des pensions minimes, ainsi que des travailleurs. Ils comprennent les électeurs de tous les principaux partis électoraux français, y compris les néo-fascistes. Les ouvriers GJ reconnaissent les revendications légitimes des manifestants de la classe moyenne qui défilent à leurs côtés et ont rejeté les tentatives de Macron de mettre fin à la manifestation en offrant quelques ouvriers, comme une augmentation marginale du salaire minimum.

Le vote important des néo-fascistes en France fait sans aucun doute craindre de graves dangers. Lors des récentes élections européennes, 23% des électeurs français ont choisi la liste néo-fasciste, principalement pour protester contre Macron, dans des conditions où tous les partis de gauche désignés étaient à juste titre considérés comme des outils de la classe dirigeante. Cela reflète les pressions nationalistes puissantes et la confusion politique qui règne en France, y compris dans la classe ouvrière, après des décennies de confiance dans les partis - le PCF et plus tard le PS - qui ont imposé l'austérité, mené des guerres impérialistes et promu des actions anti-immigrés et anti-musulmanes. politiques une fois qu'ils ont pris leurs fonctions.

Les préparatifs pour l’installation d’un régime fasciste en France sont bien avancés. Cependant, la réhabilitation officielle des fascistes à travers l’Europe, y compris l’invocation de Pétain par Macron alors qu’il mène une répression sanglante sur les GJ, souligne que la légitimation du néo-fascisme est en grande partie tirée au sommet. La violence fasciste lors des manifestations ne provenait pas des «gilets jaunes» mais des couches des forces de sécurité et des syndicats de la police, où les néo-fascistes ont une base électorale. Pour le moment, comme l'ont clairement montré les manifestations GJ, le soutien de masse au fascisme dans la classe moyenne, apparu dans les années 1930 en Europe, n'existe pas. À ce stade de la lutte des classes, la classe moyenne appauvrie a cherché à s'allier aux travailleurs.

La tâche critique est que la classe ouvrière démontre sa capacité à mener une lutte contre le capitalisme, en ralliant toutes les couches de la population opprimées. La recrudescence des luttes ouvrières en Europe et dans le monde montre que la classe ouvrière est de plus en plus disposée à adopter une telle stratégie. Mais la lutte pour mobiliser des couches plus larges de travailleurs en lutte exige une rupture politique consciente avec la pseudo-gauche. Cette lutte ne peut être menée que contre les partis populistes qui s'opposent à la révolution socialiste, nient la lutte des classes et tentent de couper les travailleurs français de leurs frères et soeurs de classe sur le plan international, afin de les subordonner au nationalisme et au capitalisme.

C’est le rôle joué par les soi-disant populistes de gauche au sein du parti La France Insoumise (LFI) de Mélenchon. Bien que cela ne parle que pour une faction différente de la gauche syndicale et universitaire que la NPA, Mélenchon n'a pas attaqué les «gilets jaunes» aussi maladroitement que l'ont fait les pablistes. Après avoir obtenu 20% des voix à l'élection présidentielle de 2017, LFI espérait conserver sa prétention d'être le principal opposant de Macron. Alors, tout en voyant la résurgence de la lutte de classe avec alarme, pas moins que le NPA, LFI prenait une tactique quelque peu différente. Mélenchon a affirmé sur son blog qu'il était "en liesse" parce que les protestations GJ avaient fourni "une confirmation du modèle théorique formulé dans ma théorie de la révolution des citoyens ..."

Mélenchon a tenté d'exploiter le fait que les «gilets jaunes» disaient qu'ils se battaient pour le peuple, c'est-à-dire non seulement les salariés, mais aussi les travailleurs et travailleuses de la classe moyenne, petits entrepreneurs, agriculteurs et indépendants. Le contenu de classe de l'appel de Mélenchon à une révolution citoyenne du peuple était cependant tout à fait différent. Promouvant des politiques d'identité fondées sur le sexe et l'ethnie, et en particulier le nationalisme français, Mélenchon a parlé des couches de la bourgeoisie et de la classe moyenne aisée concentrée dans les 10% les plus riches de la population.

Mélenchon est entré en politique en tant qu'étudiant, via l' Organisation communiste internationaliste (OCI) de Pierre Lambert, l'ancienne section française de l'ICFI, peu de temps après sa scission avec l'ICFI en 1971, dans le but de construire "l'Union de la gauche" avec le PCF et le PS - parti bourgeois fondé en 1971 comme véhicule électoral de l'ex-social-démocrate vichyite, François Mitterrand. Ce point de vue nationaliste et liquidateur a amené l'OCI à envoyer simultanément ses membres dans le PS, auquel Mélenchon a adhéré en 1976. Un membre d'OCI, Lionel Jospin, est devenu le premier ministre de la France, dirigeante pro-austérité dirigée par le PS, dirigée par le PS. gouvernement en 1997-2002. Après le dégoût populaire provoqué par le gouvernement de la gauche plurielle qui a conduit à l'élimination de Jospin lors de l'élection présidentielle de 2002, et une décennie durant laquelle le PS a été écarté de la présidence, Mélenchon est parti fonder son propre mouvement, le Front de gauche, en alliance avec le PCF. en 2009. Il est devenu LFI en 2016.

L'appel lancé aujourd'hui par Mélenchon pour une «révolution citoyenne» nationale a été élaboré lors de discussions avec Chantal Mouffe, mentor féministe postmoderniste et populiste de gauche de l'allié grec de LFI, le gouvernement pro-austère Syriza (Coalition de la gauche radicale) d'Alexis Tsipras. . Il s'oppose amèrement au marxisme. Le populisme de gauche, écrit Mouffe, "ne nécessite pas de rupture révolutionnaire avec le régime démocratique libéral et s'oppose à ceux qui continuent à réduire la politique à la contradiction capital / travail et attribuent un privilège ontologique à la classe ouvrière, présenté comme le véhicule pour la révolution socialiste." C’est-à-dire que, dans la lignée du milieu plus large des anciens étudiants radicaux de 1968, Mouffe s’oppose aux conceptions fondamentales du marxisme.

Et sur son blog, Mélenchon s'est empressé d'ajouter que sa théorie supposée révolutionnaire ne pourrait pas servir de base à une lutte pour le pouvoir. "Dans tous les cas, écrit-il, mon travail ne dit pas comment le régime pourrait tomber sous les coups d'un tel mouvement. D'autant plus que, à mon sens, le résultat doit être pacifique et démocratique. C’est-à-dire que dans tous les cas, nous devons trouver une solution institutionnelle aux événements. Il a également souligné son opposition aux dogmes traditionnels de la gauche et de l'extrême gauche traditionnels, comme la centralité du concept de prolétariat et de révolution socialiste jumelage inévitable dans la dynamique de l’histoire." Ainsi, Mélenchon, comme Mouffe, s’appuie sur un rejet conscient du marxisme et de la lutte des classes, s’orientant sur une base nationaliste vers l’État français.

Cette attaque méprisante contre la lutte des classes et le socialisme en tant que «dogme» illustre la faillite de la pseudo-gauche. La demande GJ a recueilli un soutien écrasant de la part de la population. Mélenchon a obtenu 7 millions de voix et des grèves ont éclaté parmi les enseignants et les infirmières en France et dans des couches plus larges de travailleurs à l'international. Néanmoins, ni la LFI, ni les syndicats, ni aucun parti pseudo-gauche n'ont cherché à développer une lutte révolutionnaire contre Macron basée sur cette opposition croissante.

Même lorsque la NPA a inversé son cours et que les partis pseudo-gauchistes ont envoyé plus de forces aux manifestants GJ cet hiver, ils n'ont ni cherché à créer un mouvement, ni réussi à rallier un soutien parmi les «gilets jaunes». des manifestations sous le contrôle de la bureaucratie syndicale, ce que les manifestants GJ ont massivement rejeté. L'exposition de ces partis comme non pertinente et hostile à une véritable lutte est à l'origine de l'effondrement soudain et dramatique de la LFI aux élections européennes de 2019, où elle a obtenu moins d'un tiers de son vote de 2017. Il est de plus en plus évident que, sur toute une période historique, la propagande anti-marxiste vendue par Mouffe, Mélenchon et d'autres postmodernistes n'a réussi qu'à bloquer la construction d'une avant-garde révolutionnaire marxiste et à céder l'initiative à la classe dirigeante.

De quel côté du mouvement GJ ?

Pendant des mois, les médias officiels ont prédit la démoralisation et l'effondrement imminents des GJ. Avec des dizaines de milliers de manifestants toujours vêtus de leur gilet jaune chaque samedi et des couches croissantes de travailleurs en grève en France et à l'international, la recrudescence de la classe ouvrière est Cependant, cela ne fait que commencer. Sous la surface de la vie politique officielle, des mouvements beaucoup plus grands et plus explosifs se préparent. La question est de savoir comment orienter ce mouvement révolutionnaire émergent de la classe ouvrière, dans un état avancé d'effondrement de l'ancien système politique et face au danger aigu de la guerre et du régime autoritaire.

La tâche est de construire le PSE en France et des sections du CIQI dans des pays du monde entier, afin d'apporter une perspective et un leadership révolutionnaires à la classe ouvrière. Le mouvement GJ et la résurgence internationale plus large de la lutte des classes ont vigoureusement justifié les appels du PSE et de l'ensemble du CIJI pour que les travailleurs luttent indépendamment des syndicats et des partis établis, y compris les soi-disant partis de "gauche". Ce n'était pas une politique sectaire ou utopique, mais la seule base réaliste pour poursuivre la lutte de classe. Les GJ, un groupe relativement restreint d'ouvriers et de personnes de la classe moyenne, ont porté un coup dévastateur à Macron, précisément parce qu'ils ont brisé le fardeau de ces organisations sur la lutte sociale. Ils ont défié les menaces de la police anti-émeute et des forces armées et ont rejeté les attaques des médias officiels, des dirigeants politiques et des responsables syndicaux avec le mépris qu'elles méritaient. Face à la radicalisation croissante de la classe ouvrière, ils ont trouvé un soutien de masse.

L’obstacle majeur auquel se heurte le mouvement GJ n’a pas été la difficulté d’organisation des actions de coordination. Au contraire, il a mobilisé la sympathie de masse qu'ils ont, et la myriade de médias sociaux et de groupes de voisinage qui se sont développés autour d'eux, dans des conditions où la nécessité d'une lutte internationale pour le pouvoir des travailleurs ne se fait sentir que de manière embryonnaire, c'est-à-dire diffuse. quand l'avant-garde révolutionnaire dans la classe ouvrière reste petite. Car il est impossible de trouver une perspective révolutionnaire sans situer les luttes actuelles dans la continuité de celles de l'ensemble du mouvement ouvrier, fondées sur le marxisme classique, la révolution d'octobre et le trotskisme. La tâche qui attend les travailleurs avancés et les jeunes est de s’attaquer aux problèmes de perspective politique et historique auxquels se heurte l’ICFI.

Dans les premiers stades de la résurgence de la lutte des classes, l’opposition populaire garde les traces de l’époque précédente, époque où la «gauche» avait adopté la politique de la classe moyenne aisée, énoncée en termes de démocratie populaire et rejetant la lutte de classe. Le mouvement GJ a commencé deux ans seulement après la création du PSE, alors qu'après la trahison des pablistes et la rupture de l'OCI avec le CIJI en 1971, il n'y avait pas eu de parti trotskyste digne de ce nom en France depuis près d'un an. demi siècle. De nombreuses questions politiques restent à clarifier.

Parmi les GJ, des appels à des manifestations apolitiques rejetant toutes les parties ont bénéficié d'une large audience. Cela résonne avec la colère des travailleurs et travailleuses contre l'ensemble de l'establishment politique. Les forces de pseudo-gauche le font avancer pour bloquer la discussion et empêcher une rupture consciente avec les partis qui ont imposé l'austérité. Dans ce contexte, des slogans tels que le RIC, dans lesquels les travailleurs voient une expression de revendications légitimes pour contrôler les décisions politiques et économiques, ne peuvent pas servir de base à la lutte de classe. Séparés d'une lutte pour l'expropriation internationale de l'aristocratie financière, pour le contrôle des processus de production mondiaux par les travailleurs et pour le pouvoir des travailleurs, ces slogans constituent des appels à des réformes de la part de l'Etat capitaliste français, qui ne seront pas accordés. Sur cette base, même les appels sincères des GJ à la grève générale ou à la révolution, à l'instar de leurs tentatives d'établir des assemblées populaires indépendantes, n'ont pas attiré de masses de travailleurs dans une lutte décisive contre Macron, l'UE et les marchés financiers.

Même aujourd'hui, malgré une crise capitaliste profonde, la bourgeoisie agit avec une conscience beaucoup plus grande de ses objectifs de classe que les travailleurs. D'une part, via les médias officiels, il promeut les appels gazeux de charlatans, comme Mélenchon, à une révolution du peuple tout entier, sur la base d'affirmations selon lesquelles la lutte de classe aurait été jetée à la poubelle de l'histoire; de l'autre, les cadres supérieurs des banques et de l'appareil gouvernemental savent qu'ils mènent une lutte de classe et ont l'intention de la mener sans pitié.

Dans un article de février intitulé "La lutte des classes en France", Le Monde diplomatique a décrit la panique qui s'est emparée de la classe dirigeante lorsque la protestation GJ a éclaté :
"La peur. Pas de perdre une élection, de ne pas «se réformer» ou de subir des pertes sur le marché boursier. Mais d'insurrection, de révolte et de dénuement. Cela fait un demi-siècle que les élites françaises ne ressentent plus une telle crainte », a déclaré le responsable d'un bureau de sondage qui a déclaré que l'état d'esprit des plus hauts dirigeants« ressemble à ce que j'ai lu à propos de 1936 ou de 1968 », les années du plus grand général grèves dans l'histoire française. En comparant la haine débridée et la crainte des «gilets jaunes» dans les bourses et les salles de conseil d’entreprise, à la colère meurtrière de la bourgeoisie contre la révolution de 1848 et la Commune de 1871, qu’elle noya dans le sang, ajouta, pour faire bonne mesure: ont été effrayés, ne pardonnez jamais à ceux qui les ont effrayés ou à ceux qui ont été témoins de leur peur. "
La brutalité de la bourgeoisie ne doit pas être sous-estimée. Mais il reflète le gouffre social qui le sépare de l'écrasante majorité de la population qui vit pour gagner sa vie, ce qui, en dernière analyse, est la faiblesse de la classe dirigeante. Les menaces sanglantes, émanant de la machine à états et des médias, sont le produit du désespoir, confrontées à une crise politique de plus en plus profonde sans issue. La période où de tels conflits étaient principalement discutés en termes nationaux et populistes plutôt qu'en termes de classe touche à sa fin. De plus en plus, les travailleurs verront et chercheront à résoudre ces conflits, comme le fait déjà la bourgeoisie, dans le sens de la classe. La situation objective crée les conditions pour des changements rapides dans la conscience politique de la classe ouvrière, en France et à l'international, et pour la construction de puissantes organisations de la classe ouvrière.

La détérioration incessante des conditions de vie en Europe et au-delà, et le recours de l'élite dirigeante à la violence armée-police, radicalisent des centaines de millions de travailleurs. Les revendications internationales en faveur d'une plus grande égalité sociale, qui ont déclenché les manifestations GJ, suscitent un soutien croissant pour le socialisme et le communisme, en particulier chez les jeunes. Il est généralement admis que les travailleurs sont confrontés aux mêmes problèmes dans tous les pays. Les travailleurs ressentiront de plus en plus le besoin de créer des organisations capables de transformer le sentiment général de solidarité internationale en une lutte unifiée de la classe ouvrière internationale contre l'autoritarisme, l'austérité et la guerre.

La tâche critique du PSE est de consolider, avant le déclenchement de la confrontation révolutionnaire décisive, sa présence parmi les travailleurs et les jeunes les plus avancés, basée sur une assimilation des leçons politiques critiques de l’histoire de la lutte de classe internationale. Il cherche à construire une avant-garde révolutionnaire, luttant pour unir les luttes ouvrières en France avec celles de leurs frères et sœurs de classe sur le plan international et les mener dans une offensive contre le capitalisme, la guerre et le danger d'un État policier. Il fait avancer les revendications en faveur de l'expropriation de l'aristocratie financière, de la fin des guerres et des occupations impérialistes et de la défense des droits démocratiques.

La lutte des classes exige la création de réseaux européens et internationaux de comités populaires de travail et de voisinage, indépendants et opposés aux bureaucraties syndicales financées par des entreprises, conformément au caractère transnational de l'économie contemporaine. Les GJ ont montré que des centaines de milliers de personnes peuvent se rassembler sur les médias sociaux en France, indépendamment des syndicats et des partis politiques établis, pour la lutte des classes. L'élargissement à un mouvement beaucoup plus large et international de la classe ouvrière doit être préparé. Le Frexit, c'est pour quand ?

Article traduit sur WSWS

4 juillet 2019

FLASH - Dans l’enfer des urgences : l’affolant journal de bord d’une infirmière de nuit

EDITO AU VITRIOL - Une bombe en exclu est lâchée et signée Le Parisien qui tire la sonnette d'alarme pour dénoncer les conditions de travail du personnel soignant au bout du rouleau - Une infirmière nous décrit, dans le détail et en exclusivité, sa semaine de travail, du 17 au 24 juin. Un quotidien éprouvant, dans le service en grève d’un grand hôpital francilien.

Une infirmière de nuit exerce dans un grand hôpital francilien. Comme 130 services en France, le sien, engorgé et sans moyens, est en grève. Du 17 au 24 juin, elle a accepté de consigner pour nous sa semaine de travail « normale », avec cinq gardes de nuit.
« Quand j'ai commencé mes études d'infirmière, il y a une dizaine d'années, je voulais travailler en maternité. Mais j'ai fait un stage aux urgences, et ça a été la révélation. J'ai aimé le contact avec des gens de tous les milieux, l'adrénaline, la cohésion d'équipe… J'ai d'abord travaillé de jour, puis, depuis quatre ans, de nuit, aux urgences d'un grand hôpital de la région parisienne.

Dans mon établissement, on manque de personnel, on a du matériel cassé (des perches à perfusion au système de climatisation), des patients isolés, agressifs ou en détresse sociale, et surtout, on manque de lits pour hospitaliser les malades, qui stagnent aux urgences au lieu de rejoindre d'autres étages. Dans l'équipe, on est tous grévistes, mais tous assignés, c'est-à-dire qu'on doit travailler quand même, pour assurer la continuité du service public. J'alterne une grosse semaine de 50 heures et une petite de 20 heures.

Celle qui commence là, c'est la grosse, avec cinq gardes, le lundi, mardi, vendredi, samedi et dimanche, de 21 heures à 7 heures du matin. Ce soir, c'est la pleine lune. Ce n'est pas prouvé par la science, mais ce sont en général des nuits difficiles, avec beaucoup de crises psychiatriques. »
Lundi 17 juin, soir : démarrage en trombe !
« J'arrive à 20 h 50, avec dix minutes d'avance. J'enfile ma blouse et récupère mon matériel : un stylo, des ciseaux, une pince à clamper (NDLR : utilisée lors d'interventions pour comprimer un vaisseau sanguin)… Quand je prends mon poste à 21 heures, les collègues que nous relayons s'excusent de nous laisser le service dans un tel état, avec 87 patients, dont 8 sont ici depuis plus de vingt-quatre heures. Il y a des brancards partout dans les couloirs.

Gérer ça avec deux médecins, deux internes, cinq infirmières et trois aides-soignantes, c'est compliqué. Les infirmiers sont sectorisés. Ce soir, je suis aux urgences relatives, qui ne nécessitent pas une prise en charge médicale immédiate, avec un temps d'attente d'une à cinq heures. Une période de rush débute, jusqu'à 2 heures du matin. Ça commence avec une dame démente, qui n'arrête pas de se déshabiller. On passe la nuit à lui remettre sa blouse. Puis il y a un jeune homme diabétique, avec un risque de coma, un homme fiévreux, revenu du Sénégal avec le paludisme, un patient avec une prostatite, qui n'arrive pas à uriner… Malgré la douleur, en me voyant courir partout, il me dit : Bravo, je ne sais pas comment vous faites ! Ça fait plaisir.

J'ai aussi des personnes âgées des maisons de retraite alentour, et plusieurs patients en crise psychiatrique. L'un est mutique, difficile à diagnostiquer. L'autre, très agité, insulte le mur. La routine. A 1 heure du matin, un habitué, qui souffre d'une insuffisance rénale, injurie le médecin, une aide-soignante, et me menace avec sa canne. Il hurle et effraye les autres patients. Il se fait sortir par la sécurité. Comme souvent, entre 2 heures et 5 heures, les admissions se calment un peu, on peut rattraper notre retard sur les soins. Vers 4 heures, on a tellement de patients à hospitaliser qu'on doit les mettre deux par deux dans des box de consultation, qui ne sont pas conçus pour ça, afin qu'ils se reposent sans néons dans les yeux, et libèrent les couloirs.

L'activité reprend vers 5 heures, avec les premiers accidents du travail, comme cette personne qui s'est fait rouler sur le pied par un transpalette, et les gens qui, au réveil, se sentent mal. A cette heure-là, c'est difficile de trouver un médecin ailleurs qu'aux urgences. Je n'ai pas eu le temps de manger de la nuit, et c'est seulement à 6 heures que j'ai pu aller aux toilettes. Au total, j'ai vu, à moi seule, une quarantaine de patients.

Ma collègue a mesuré avec son portable qu'elle a marché 13 km dans la nuit. Comme moi, sans doute. Après avoir transmis les dossiers à l'équipe de jour, je rentre en voiture, épuisée et amère, car je laisse 23 patients que j'ai peur de retrouver ce soir, faute de lits disponibles. Je prends une douche et vais tout de suite me coucher. »
Mardi 18 juin, aux urgences vitales
« A 21 heures, je prends mon poste dans la zone de déchocage, où sont traités les urgences vitales et les patients à l'état instable, qui sont vus immédiatement par un médecin. Le couloir est rempli, une boule de stress monte. On est deux infirmières dans cette salle. Ceux que nous relayons sont complètement dépassés par la situation, tellement il y a de monde. Pendant la transmission des dossiers, une dame de 74 ans déboule, avec une infection pulmonaire et du mal à respirer. On interrompt tout et en technique : perfusion, prise de sang, oxygène… Dans ce service, ça entre et ça sort très vite.

Certains partent en réanimation, comme ce monsieur avec un problème pulmonaire grave. Vers 23 heures, on accueille une patiente qui a fait une tentative de suicide avec des médicaments. Ça arrive tout le temps. La semaine dernière, une femme venait pour des idées noires. Avec le flux, on n'a pas eu le temps de la voir, elle est repartie en taxi et, au moment de payer la course, elle s'est ouvert les veines. Le chauffeur nous l'a ramenée.

Ensuite, on enchaîne avec une patiente au visage gonflé, en réaction allergique sévère. Ça ne nous stresse plus, mais il faut intervenir vite. Vers minuit, un garçon de 16 ans, alcoolique, déjà venu la veille, arrive inconscient, avec des traces d'agression sur le corps et le visage. On fait le scanner : il a un hématome sous-dural (NDLR : un épanchement de sang autour du cerveau). Il est envoyé au bloc, son pronostic vital est engagé. Avec des personnes aussi jeunes, on se dit qu'on a encore moins le droit de se tromper. A 16 ans, ce n'est pas normal de mourir.

Je me sens déjà vraiment fatiguée quand ma collègue m'appelle pour un patient qui fait un malaise. Je commence à le prendre en charge et là, c'est moi qui suis à deux doigts de tomber dans les pommes. Une fois de plus, je n'ai pas eu le temps de manger. J'avale une boisson sucrée, je m'assois dix minutes, et je reprends le boulot. La course se poursuit jusqu'au milieu de la nuit.

A 4 heures, avec ma collègue, on se demande : Mais c'est quoi cette vie ? On est K.-O., on a mal aux jambes, on n'a pas eu le temps d'aller aux toilettes ni de prendre un café. Les nuits calmes sont devenues de plus en plus rares. Je finis à 7 h 40, au lieu de 7 heures. Ces heures sup ne sont pas payées, seules comptent les nuits supplémentaires, quand on assure un remplacement.

Selon les mois, je gagne entre 1700 et 2200 euros net. Avec l'augmentation du coût de la vie, j'ai dû déménager plus loin de l'hôpital. Infirmière à Paris, en 2019, si on vit seule et sans trop de privations, ce n'est pas possible. Alors je vais arrêter. Pourtant, j'adore mon travail. Mais les conditions dans lesquelles on le fait, le salaire par rapport aux responsabilités… C'est inadmissible. J'en ai marre. Physiquement, psychologiquement, je commence à saturer. J'ai envie de pouvoir construire une vie privée. Au bout d'un moment, la qualité de vie prime. »
19 et 20 juin, un répit de courte durée
« Enfin un peu de repos, du mercredi matin au vendredi soir. J'essaie de rattraper mon retard de sommeil. Ça fait un moment que je n'ai pas dormi une nuit complète, je me réveille toutes les deux ou trois heures. Mercredi soir, je devais voir des copines, mais j'ai annulé. Trop fatiguée. Ça arrive très souvent, les lendemains de garde. Je suis restée dans mon lit, je me suis assoupie en lisant et réveillée vers 2 heures du matin. Impossible de me rendormir. Avec le travail de nuit, tout est déséquilibré. Quand j'ai commencé, il y a quatre ans, je n'ai pas eu mes règles pendant cinq mois.

Jeudi soir, j'ai trouvé le courage de sortir pour une fête entre cousins. J'ai tenu jusqu'à 2 heures, mais c'était dur, surtout quand j'ai raccompagné ma cousine en voiture. Avec la fatigue, la concentration au volant devient un vrai problème. Je me suis déjà endormie à un feu.

Vendredi après-midi, je dors jusqu'à 18 h 30, puis je passe un coup de fil à ma mère, que je n'ai pas eu au téléphone depuis une semaine. Parfois elle m'envoie un texto : Disparition ? Mes parents, qui habitent en province, viennent à Paris ce week-end. On a prévu de déjeuner ensemble samedi. Ça va être vite fait, car je serai entre deux gardes. Je pars pour l'hôpital, sans dîner. De toute façon, le frigo est vide, nettoyé et éteint. Je n'ai pas eu le temps de faire les courses depuis plus d'un mois ! »
Vendredi 21 juin, la fête est finie
« A 21 heures, je prends mon poste en tant qu'infirmière d'accueil et d'orientation. Je suis la première personne que les patients voient. C'est à moi de faire le tri et de les installer dans différentes zones, en fonction du degré d'urgence. C'est un rôle que j'aime bien, il y a beaucoup d'adrénaline et il faut bien connaître son métier. Quand je commence, beaucoup de patients attendent déjà. Je dois aller vite, mais je n'ai pas le droit à l'erreur. Les deux premiers arrivés, escortés par la police, sont blessés par balle, l'un au talon, l'autre au coude. Ils ont eu de la chance, ce n'est pas grave.

Ce soir de Fête de la musique, la police nous amène pas mal de cas d'ivresse. Ils restent aux urgences s'il y a un risque de coma. Sinon, ils repartent en cellule de dégrisement. J'étais en train de m'occuper d'un cas de drépanocytose, une maladie chronique très douloureuse, quand je dois m'interrompre à l'arrivée d'une femme, transportée par les pompiers. Elle est inconsciente, alcoolisée et droguée. On la place en zone de déchocage, car il y a un risque vital.

On n'arrête pas de la nuit. Décompensation psychiatrique, rejet de greffe, victimes d'agression… Je vois revenir les pompiers des mêmes casernes, qui me disent : Désolés, encore nous ! Je discute un peu avec une jeune femme de 22 ans, tabassée par son conjoint. Ce n'est pas la première fois, mais elle ne souhaite pas porter plainte. Je vois énormément de femmes battues, et c'est souvent le même discours. Dans ces situations, on se sent vraiment impuissant. A la fin de la nuit, on est tous crevés. On a travaillé en sous-effectif, il manquait trois aides-soignants sur sept. Ça augmente beaucoup la charge de travail. Je prends ma voiture et rentre chez moi à toute vitesse. Je me couche à 9 heures et je mets mon réveil à 12 h 30, pour déjeuner avec mes parents. Ils me disent que j'ai les yeux gonflés et l'air fatiguée. »
22 juin, la fièvre du samedi soir
« Après une sieste en fin d'après-midi, je me réveille à 19 h 30, prends une douche et file au travail. Je suis de nouveau infirmière d'accueil. Au début de la nuit, une patiente alcoolisée, agitée et violente, arrive avec la police et les pompiers. On doit se mettre à six pour l'attacher au brancard, sur avis du médecin. Plus tard, les policiers nous amènent un homme en détresse psychiatrique, qui a essayé de se jeter sous les roues des voitures. Il est en sueur, ne veut pas qu'on le touche. Impossible de prendre sa tension. Il profite d'un moment de répit pour fuguer. Il y a une course-poursuite dans les urgences. Les policiers et les agents de sécurité reçoivent des coups de pied et de coude. Lui aussi, on doit l'immobiliser et lui donner un médicament pour le calmer. Au total, on reçoit 18 victimes d'agressions physiques. C'est le thème de la soirée.

Fractures du poignet, du bras, entorses… Il y a ce jeune à peine majeur, couvert d'hématomes, en état de stress post-traumatique, qui parle très peu. On l'envoie en déchocage, en cas de traumatisme crânien. A l'heure où j'écris ces lignes, il a dû voir le psychiatre.

On reçoit aussi plusieurs patients qui n'avaient rien à faire là. Au milieu de la nuit, deux jeunes hommes avec une migraine sont venus sans même avoir essayé de prendre un Doliprane. Je leur en donne un, ils attendent. Puis ça va mieux et ils repartent. Ce genre de cas, ça fait perdre du temps à tout le monde, il faut leur prendre les constantes (pouls, tension…), les examiner au cas où, trouver les arguments pour les convaincre de s'en aller.

Néanmoins, ces patients, qui ne restent pas longtemps, ne sont pas notre principal problème. C'est surtout le manque de personnel et de lits disponibles dans l'hôpital. Cette nuit encore, 20 personnes ont dormi sur un brancard, alors qu'elles avaient été diagnostiquées. Un patient avec un problème de sevrage alcoolique est resté là plus de quarante-huit heures. Je finis mon service à 6 h 30, quand un collègue arrive, en avance, pour prendre la relève. Je suis soulagée. »
Dimanche 23 juin, un dernier marathon
« Je pars au travail un peu dépitée. Je n'ai plus envie. Heureusement, on forme une bonne équipe, on s'entend bien et on se soutient. C'est ce qui fait que personne ne craque. Je suis postée en salle de déchocage, plutôt calme à mon arrivée. En revanche, le reste des urgences est plein. Je vais donc donner un coup de main à mes collègues pour surveiller les patients qui passent la nuit ici, et gérer le flux des nouveaux.

A 22 h 30, je retourne à mon poste car une urgence vitale déboule, une jeune femme à la tension faible, qui a fait une tentative de suicide. Je vais discuter avec sa famille, expliquer que, quand elle sera stabilisée, elle rencontrera un psychiatre, qui décidera d'une hospitalisation. C'est chronophage, mais c'est important de parler aux proches.

Un peu plus tard, la police amène à l'accueil des urgences deux patients agités, alcoolisés et violents. Il faut un certificat médical attestant qu'ils sont aptes à aller en garde à vue. Ils traitent ma collègue de sale noire et de salope. Elle me dit qu'elle est hermétique aux insultes, mais au bout d'un moment, ça touche. On fait ce métier pour aider. Des remarques de ce genre, c'est dur à accepter.

Même si le flux est moins important cette nuit, la chaleur nous use. Avec la climatisation en panne depuis deux ans, il fait entre 27 et 30 degrés, selon les pièces. C'est épuisant pour nous et pour les patients, qui se déshydratent et dont la fièvre ne baisse pas.

Si je témoigne, c'est autant pour dénoncer nos conditions de travail que celles d'accueil des malades. Ce matin, en partant, quand j'ai vu toutes ces personnes âgées entassées dans les couloirs, j'ai culpabilisé, même si ce n'est pas notre faute. Avec la canicule, on se dit tous que ça va être l'enfer. Heureusement, je ne travaille que mercredi et jeudi. Je vais enfin avoir un peu de temps pour voir mon copain. Ça fait presque deux semaines qu'il m'attend ! »
Des urgences et des promesses

Pour rappel, la contestation a débuté le 18 mars, à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, après plusieurs agressions du personnel. Le 21 juin, 131 services d'urgences étaient en grève en France.

Sur 29 pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France se classe 26e en termes de salaire des infirmiers rapporté au salaire moyen du pays. Le Mexique arrive 1er. Au Luxembourg, 4e, il atteint 7800 euros brut par mois en 2018 (contre 2174 euros en France pour un infirmier fonctionnaire de catégorie A avec onze ans d'ancienneté).

Entre 1996 et 2016, les passages aux urgences ont doublé, en raison du vieillissement de la population, du manque de médecins généralistes (– 9,1 % entre 2007 et 2017), et de leur mauvaise répartition sur le territoire.

Selon l'OCDE, le taux de patients inappropriés aux urgences était de 19,4 % en France, en 2014 (contre 19,6 % en Italie, 25 % au Canada, 12 % en Angleterre).

Le 14 juin, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé une prime mensuelle de 100 euros net pour les infirmiers et aides soignants (montant total de 55 millions d'euros) et un budget de 15 millions d'euros pour recruter cet été.

Le 17 juin, le collectif Inter-urgences réclame la création de 10000 emplois, la réouverture de lits pour désengorger les urgences et une augmentation de 300 euros net par mois.

  • Hôpitaux : « La crise ne fait que commencer »

Seconde bombe signée Le Parisien - Pour Antoine Vial, la pénurie de généralistes, le vieillissement de la population et l’explosion des besoins ont des effets dévastateurs.

Engorgés et sans moyens, les services d'urgence de quelque 130 hôpitaux sont en grève. Antoine Vial, expert en santé publique et auteur de « Santé, le trésor menacé », paru en 2017 à L'Atalante, revient sur les raisons de la crise du système hospitalier, ses conséquences néfastes et les solutions immédiates envisageables.

Comment en est-on arrivé à cette crise ?

Antoine Vial : Elle est multifactorielle. Cette crise concerne l'offre de soins, d'une part. On a bâti un système hospitalier en délaissant les médecins de première ligne : le nombre de généralistes est en chute libre depuis trente ans, et ils sont inégalement répartis sur le territoire. Ces médecins travaillaient quatre-vingt heures par semaine et assumaient des gardes obligatoires. Ce n'est plus le cas. La profession, qui s'est féminisée, aspire à autre chose après dix ans d'études. Les généralistes ne pratiquent plus les petits actes d'urgence, comme les sutures. D'autre part, les besoins ont explosé. En vingt ans, la fréquentation des urgences a doublé, passant de 10,1 millions de patients en 1996 à 21,2 millions en 2016.

Si certains malades y vont car ils anticipent des examens complémentaires (radio, scanner…), beaucoup de cas ne sont pas des urgences réelles. Avec la pénurie de médecins combinée au vieillissement de la population, la crise ne fait que commencer. Encore plus de casse est à craindre.

Quelles sont les conséquences d'une telle situation ?

L'effet est dévastateur pour les soignants des urgences, qui travaillent déjà dans une extrême tension. A cela s'ajoute la peur face à la violence qui s'exprime aujourd'hui. Elle s'est banalisée. Le mouvement a d'ailleurs commencé après une agression à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris. N'importe qui péterait un câble devant des patients eux-mêmes stressés, parfois alcoolisés, agressifs. Les soignants sont usés, au niveau psychique et physique. Leur malaise risque de se répandre dans les autres services hospitaliers quitte à provoquer une réaction en chaîne à travers le pays. Côté patients, les conséquences sont aussi dramatiques : la mortalité a augmenté de 9 % sur l'ensemble des malades et jusqu'à 30 % pour les cas les plus graves, d'après une étude de 2016.

Avant de refondre le système hospitalier, on pourrait déjà revoir le tri des patients. C'est le premier boulot de l'urgentiste, complexe, car il requiert de multiples compétences : psychologie, traumatologie, cardiologie… Aujourd'hui, le médecin urgentiste est seul quand un cas grave se présente. Il y a trente ans, une équipe réunissant un urgentiste, un chirurgien orthopédiste, un chirurgien général et les internes en médecine générale accueillaient les patients : ceux qui devaient l'être étaient dirigés immédiatement vers le bloc. La médecine se spécialise toujours davantage, alors qu'on a besoin de polyvalence.
COUP DE GUEULE : Carton rouge pour les managers qui exploitent au max le personnel qui est au bout du rouleau et il ne faut pas s'étonner que des salariés tracent la route en vitesse ou se mettent en arrêt maladie lorsqu'ils sont soumis à des cadences infernales, subissent du harcèlement et poussés dans leurs derniers retranchements (journées continues, heures sup à gogo non-payées, risque de malaise, pétage de plombs,...).

Message cadeau pour les managers sans scrupules : 

ALLEZ TOUS VOUS FAIRE ENCULER !!

Et la révolution, c'est pour quand ? FAUT QUE CA PETE !


Source : Le Parisien

2 juillet 2019

CARTON ROUGE - Quand les salariés pètent les plombs !

Stress, travail en mode turbo, surcharge de travail, pression hiérarchique constante, harcèlement moral,... un cocktail bien explosif pour qu'un pétage de plombs se produise au sein de l'entreprise. Lorsqu'un(e) salarié(e) explose : c'est le matos informatique qui prend le premier avant de venir aux mains avec son chef qui veut un max de rendement 

"On a des collègues qui craquent… crises de nerf, altercations, crises de larmes, arrêts de travail, dépression..." : cette situation est assez courante dans les services en contact avec le public en direct ou à distance comme dans les centres d’appels mais aussi dans le privé tel que les entreprises pharmaceutiques et du transport soumis à des cadences infernales. Dans certains secteurs cela se traduira par une fatigue importante au point par exemple qu’un(e) salarié(e) estime être trop fatigué(e) pour poursuivre sa journée de travail. Dans d’autres secteurs, les relations sont tellement dégradées, y compris entre collègues, que des violences verbales et parfois physiques se développent…

C’est aussi la démotivation, la mise en retrait, la déprime qui devient dépression. Situation plus dramatique encore, les suicides qui sont le plus souvent cachés et occultés tant la situation est difficile... Il y a danger !

Quand l’organisation du travail fait péter les plombs aux salarié(e)s, il est très rare que ce soit pris en compte dans le cadre des conséquences du travail. Et pourtant, personne est à l'écoute !

Quoi qu'il en soit, si votre chef dérape : tracez la route et signalez-le au directeur mais si rien ne s'arrange, envoyez une lettre en RAR avec les toutes les vérités et preuves à l'appui à l'inspection du travail et l'entreprise risque de prendre très cher dans les fesses ! Si le problème persiste : quittez l'entreprise !

Carton rouge bien mérité aux entreprises qui exploitent au max les salariés au détriment de la santé et sécurité au boulot. De quoi voire rouge et monter au rouge surtout si votre chef est un CONNARD que vous avez la rage de lui mettre un pain ou le clavier dans sa gueule !!!

Message cadeau pour les patrons qui ont rien à foutre des salariés :
ALLEZ TOUS VOUS FAIRE ENCULER !!!


  • FLASH - Que faire quand un salarié "pète les plombs" ?

Lorsqu'un salarié craque sur le lieu de travail, ses collègues comme les représentants au CHSCT ont un rôle à jouer. Au-delà du soutien nécessaire, il demeure indispensable de déclarerces incidents en accidents du travail et d'enquêter sur leur origine professionnelle. Avec deux objectifs: préserver l'emploi et la santé du salarié et prévenir toute récidive. Crise de nerfs, de larmes, violence envers les autres ou contre soi-même, propos ou attitudes qui deviennent subitement anormaux, voire dangereux... Que faire quand un collègue de travail "pète les plombs"? Et quel rôle peuvent jouer les mêmes bres du CHSCT ?

Craquer au travail est le signe d'une souffrance psychique qu'il ne faut jamais banaliser. La première attitude est donc de protéger le collègue en état de crise: l'entourer, le réconforter et lui éviter de commettre des gestes qu'il pourrait regretter, notamment des violences. C'est ce soutien immédiat, apporté par les collègues de proximité, qui s'avérera le plus précieux pour celui qui a "disjoncté". Si, malgré les efforts déployés par l'entourage professionnel, la situation est ingérable, mieux vaut alors appeler les secours (composer le 18 ou 112) avant que ça tourne au vinaigre. Dans tous les cas, il est prudent de conseiller au collègue de voir son médecin pour un éventuel arrêt de travail. Le fait que l'incident se soit produit sur le lieu de travail invite ensuite à considérer, jusqu'à preuve du contraire, qu'il est lié au travail. Il est donc nécessaire que cet événement soit déclaré en accident du travail (AT). L'employeur pourra peut-être contester le lien avec le travail, mais pas de refuser la déclaration ni licencier abusivement.

Qu'est-ce qu'un accident de travail ?

Est considéré comme accident du travail "tout accident survenu du fait ou à l'occasion du travail". C'est l'existence d'un lien de subordination avec l'employeur au moment des faits qui est déterminant (temps et lieux du travail). Il faut identifier un élément déclenchant soudain (par exemple, un entretien avec la hiérarchie, l'agressivité d'un client...) et qu'il en résulte une "lésion" soudaine (par exemple, un choc psychologique, une réaction émotionnelle aiguë, des troubles du comportement...). Dans le cas où l'employeur et le salarié sont en désaccord sur le lien qui existe entre le travail et l'accident, c'est la caisse de Sécurité sociale qui tranchera le litige. Cette déclaration permettra au salarié de bénéficier de soins gratuits, d'une meilleure indemnisation en cas d'arrêt de travail, et d'une meilleure protection en cas d'impossibilité à occuper à nouveau son poste. Elle permettra aussi au CHSCT de s'emparer de la problématique, et de discuter du lien entre la décompensation psychique et le travail (art. L.236-2-1 du Code du travail). Sa contribution est en effet légalement requise en matière de protection de la santé mentale des salariés et la réalisation d'enquêtes après AT fait partie de ses missions (art. L. 236-2 du Code du travail).

La gestion par le CHSCT de ces situations de crise doit répondre à plusieurs enjeux. En premier lieu, il doit veiller à préserver l'emploi et la santé du salarié concerné. Ce dernier peut-il continuer à travailler au même endroit sans risque grave pour sa santé mentale? Comment lui permettre de revenir à son poste de travail dans les meilleures conditions?

Les enjeux sont également collectifs: à partir du moment où l'on considère que l'origine du"pétage de plomb" se situe dans le travail, c'est tout le collectif professionnel qui est concerné. Le CHSCT devra donc s'atteler à comprendre ce qui, dans le travail, a pu entraîner cette crise, afin de prévenir toute récidive.

A cet égard, il est important: de situer l'accident dans le contexte et les évolutions professionnels récents: réorganisation, arrivée d'une nouvelle machine, changement des procédures d'évaluation... d'articuler ce qui vient de se passer avec les rôles professionnels de chacun: qui doit faire quoi, comment?

de bien écouter ce que disent les collègues concernant le rapport entre l'accident et le travail: y a-t-il déjà eu des événements du même type? En quoi le travail a-t-il pu les favoriser?

Attention toutefois, les pièges sont nombreux au stade de la compréhension. Tout d'abord, le "pétage de plomb" prend souvent l'allure d'un conflit entre deux ou plusieurs personnes. Cette apparence-là est trompeuse. La véritable question n'est pas celle des personnalités, mais celle du travail: quel est le rôle de chacun ? En quoi le travail des uns retentit sur celui des autres ? Quels sont les obstacles, dans le travail, à leur coopération ? Qu'est-ce qui, auparavant, permettait cette coopération et qui a disparu?

Ensuite, il faut éviter de se focaliser sur la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Certes, il est important de comprendre l'événement ayant déclenché la crise... Mais il faut surtout savoir pourquoi, et de quoi, le vase était si plein. Autrement dit : quelles sont les difficultés professionnelles accumulées qui ont abouti à cette situation ?

Enfin, tout le monde a parfois "intérêt" à penser que le travail n'est pas en cause. C'est le cas de l'employeur, dans la mesure où sa responsabilité peut être en jeu, mais aussi des collègues, qui ne sont pas toujours en capacité de parler de ce qui est pénible dans le travail et de la façon dont ils s'en débrouillent. Raison de plus pour essayer de comprendre ce qui s'est passé.

S'ils se sentent désarmés face à ces situations, les membres du CHSCT peuvent faire appel à des personnes ressources. A commencer par le médecin du travail, dont la mission est de préserver la santé au travail des salariés. Ce dernier a un rôle de conseil auprès de l'employeur, des salariés et de leurs représentants et participe au CHSCT. Il peut faire des propositions, y compris sur l'organisation, afin de faciliter le retour au travail du salarié en crise et d'adapter le travail dans un sens moins risqué pour la santé psychique de tous. Le CHSCT peut requérir son avis sur le lien possible entre la crise et le travail ou lui demander de participer à une enquête sur l'accident. L'inspecteur du travail est lui aussi membre de droit du CHSCT. Il peut apporter un conseil juridique aux représentants du personnel, appuyer leurs demandes de moyens pour analyser

Source : Santé & Travail (2008)