Mai 2017 avec AFP - Avec l'augmentation des températures, cette pratique appelée « street pooling » s'est multipliée partout en France. Des « douches de rue » illégales qui excèdent aussi bien les pompiers que les fournisseurs d'eau et les autorités.
Des enfants sautant à pieds joints dans un geyser d'eau en pleine rue: si l'image ne paraît a priori pas grave, c'est pourtant une activité interdite par la loi. Et qui ne cesse de s'amplifier avec les récentes fortes chaleurs. Ce week-end, les pompiers de Paris ont déploré plus de 300 ouvertures intempestives de bouches à incendie et mis en garde contre les conséquences dramatiques qui peuvent en découler.
Le capitaine Guillaume Fresse, porte-parole des pompiers de Paris, a précisé à l'AFP que ces incidents se sont déroulés principalement en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne. Mais de nombreuses inondations de caves et parkings ont été signalées dans toute l'Ile-de-France. C'est également le cas dans le département du Nord, où l'on a recensé plus de 1300 appels.
D'où vient cette pratique ?
D'après le Guardian, ce loisir rafraîchissant est une véritable tradition aux États-Unis, et plus précisément dans certains quartiers new-yorkais. Depuis les années 1990, les enfants des quartiers de Brooklyn ou du Bronx jouent avec les bouches à incendie, ces « douches urbaines ». Et cela, durant des journées entières lors d'épisodes de canicule particulièrement étouffants dans les grandes villes américaines.
Quels sont les risques ?
En France, cette activité, qui se développe depuis quelques années, n'est pas observée avec la même légèreté. Les pompiers de Paris précisent que ces agissements font risquer un manque d'eau ou un débit insuffisant si les pompiers doivent éteindre un incendie. Il y a également un risque d'inondation d'équipements électriques et des caténaires de voies ferrées, des risques d'électrocution et d'accidents sur la voie publique.
D'un point de vue sécuritaire, il existe un danger pour les enfants. Alors qu'un adulte n'est pas forcément là pour surveiller, la forte pression des jets d'eau peut causer de sérieux accidents. Le Parisien rapporte qu'en 2015, un garçon de huit ans avait été blessé à la tête à Bobigny. Il avait voulu passer au-dessus de l'arrivée d'eau et avait été violemment projeté en l'air.
Combien cela coûte-t-il aux gestionnaires d'eau ?
À la suite de ce week-end de l'Ascension particulièrement chaud, le Syndicat des Eaux d'Île-de-France (SEDIF) a publié un communiqué concernant ces ouvertures intempestives. Il évoque de graves conséquences pour le réseau d'eau potable mais surtout des centaines de millions de litres d'eau perdus. Un gâchis pour la commune qui peut se répercuter, in fine, sur la facture du consommateur.
Le SEDIF pointe par ailleurs du doigt un climat d'hostilité à l'encontre de ses agents chargés de la fermeture des bouches à incendie.
Que risquent les auteurs de ces ouvertures sauvages ?
D'après le Code pénal, le street pooling est une infraction puisqu'il s'agit d'une détérioration d'un « bien destiné à l'utilité publique et qui appartient à une personne publique ». En témoigne la ville de Roubaix, qui d'après La Voix du Nord, va porter plainte contre deux adolescents pour « destruction de bien public » après l'utilisation de bouches à incendie. Un jeu dangereux puisque les deux adolescents de 15 et 16 ans risquent des travaux d'intérêt général, 75.000 euros d'amende et jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.
Source : AFP via le Figaro
Fortes #chaleurs : se rafraîchir avec les bouches d’incendie, mauvaise idée !https://t.co/KUpw8F1BTo pic.twitter.com/FaJv9PEo3R— Pompiers de Paris (@PompiersParis) 28 mai 2017
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