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15 mars 2013

Cyber-rencontres : attention aux pièges !

Les pièges de l'amour sont (aussi) numériques

Léa, en pleine recherche d'emploi, se serait bien passée de cette publicité planétaire. En janvier, cette trentenaire, dont le prénom a été changé, inscrit ses nom et prénom sur Google afin de jauger sa "e-réputation". Stupeur. En première page apparaît : "Rencontre Léa X, 33 ans, à Paris, sur le site de rencontres Badoo". Un comble pour cette jeune femme vivant maritalement depuis dix ans. En cliquant sur le lien, Léa découvre son "profil Badoo" : Nom, prénom, âge, ville, suivi de : "Léa veut flirter avec un homme entre 28 et 43 ans".

En cherchant bien, Léa se rappelle alors de Badoo : en 2011, une amie, perdue de vue, l'a contactée par mail : "Marie vous a laissé un message sur Badoo." Ravie, Léa clique sur le lien proposé. "De façon stupide, j'ai alors donné nom, prénom, mail... En fait, je me suis inscrite sur Badoo sans le savoir", pense-t-elle maintenant. Bien sûr, ces formalités accomplies, Léa découvre qu'aucun message de Marie ne l'attend.

Depuis janvier, Léa a envoyé des mails à Badoo et son profil a été supprimé. Mais six mois plus tard, sa quête amoureuse apparaît toujours en tête des recherches Google si on inscrit son nom. "Pourtant, Badoo s'était engagé à régler le problème en six semaines, explique-t-elle. J'aimerais porter plainte."

Si Léa passe à l'acte, elle ne se retrouvera pas seule. Depuis 2010, la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) a reçu "une soixantaine de plaintes liées à Badoo", explique-t-on au service des plaintes. Celles-ci concernent "des inscriptions à l'insu des personnes, des utilisations du carnet d'adresses sans information préalable, des difficultés à supprimer les profils". La société, jadis domiciliée à Chypre, est désormais au Royaume-Uni. La CNIL a donc travaillé successivement avec ses homologues chypriotes puis britanniques. Ce dernier, l'ICO (Information Commissioner's Office) a lui-même reçu des plaintes.

UN TERRAIN DE JEU VIRTUEL À PIÈGES

Reputation Squad, société de "nettoyeurs" du Net, traite aussi régulièrement de cas épineux moyennant rémunération. "Un prêtre s'est retrouvé sur Badoo à son insu. Une paroissienne a prévenu l'évêché : sanctionné, il a perdu sa paroisse", explique Albéric Guigou, fondateur de Reputation Squad. "L'affaire s'est retrouvée dans la presse locale mais nous avons pu faire disparaître les traces numériques des articles." Pour autant, Badoo n'hésite pas à afficher ses records : "150 millions d'utilisateurs dans le monde (...) disponible dans 180 pays (...) plus de 60 % de croissance (...)", affirme son dernier communiqué de presse, datant du 9 mai. "Badoo a fait un recrutement agressif, commente M. Guigou. Mais ils sont conscients de l'enjeu : ils suppriment le profil sur le site sans problème quand vous le demandez." Contacté par Le Monde, Badoo a répondu "ne jamais créer de profil sans permission", ajoutant ne jamais "utiliser de carnet d'adresses sans prévenir les utilisateurs".

La carte du Tendre, version XXIe siècle, comporte donc des pièges numériques. D'autant plus que ce terrain de jeu virtuel est devenu un marché lucratif et mondial. Sites et applications mobiles se multiplient pour capter la manne financière de coeurs solitaires ou mal accompagnés recherchant l'aventure d'un soir ou d'une vie.

Cet été, saison propice aux rencontres, un célibataire sur deux envisage d'aller sur un de ces sites s'il ne peut partir en vacances. Ils sont même deux sur trois chez les 25-34 ans, selon un sondage Opinea réalisé auprès de 1 049 personnes en avril. Plus généralement, 38 % des Français reconnaissent avoir tenté les rencontres en ligne selon un sondage Trend Research réalisé auprès de 5 670 internautes de 11 pays en août 2011. Mais la discrétion reste de mise : 50% d'entre eux n'osent pas le dire à son entourage.

Ces pratiques en ligne peuvent cependant virer au cauchemar. Le Monde a lancé un appel à ses lecteurs-internautes : "Amour en ligne : vous avez été piégé, témoignez." Certains ont rencontré des personnes malhonnêtes, d'autres ont été abusés par des sites douteux. D'autres, enfin, ont été victimes d'une organisation criminelle les faisant chanter.

Ce dernier phénomène est le plus récent et date de trois ans, estime l'adjudant-chef Vincent Lemoine qui recense les cas déclarés en France. "Dans le cadre d'une rencontre en ligne, la victime est amenée par son interlocuteur à se dévêtir devant une webcam", explique le gendarme. Une vidéo est enregistrée puis le chantage commence : de l'argent ou une diffusion mondiale des images sur Internet.

M. Lemoine a déjà répertorié des dizaines de plaintes. Le numéro d'urgence de la police judiciaire gère, lui "2 à 3 cas par jour" estime Adeline Champagnat, chef adjoint de l'office cyber de la police judiciaire. Mais la plupart des victimes, honteuses, restent silencieuses. Les effets sont dévastateurs. "En France, deux cas de suicide à la suite de type de chantage sont avérés, explique M. Lemoine. L'extorsion de fonds peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros." Apparemment, nombre d'auteurs se trouvent en Afrique. Le gouvernement de Côte d'Ivoire a ouvert, en septembre 2011, un site de prévention, détaillant le modus operandi des criminels (cybercrime.interieur.gouv.ci). En parallèle, Interpol assure la coordination entre les polices, les maîtres chanteurs opérant internationalement en français ou en anglais.

Selon Reputation Squad, "les cibles de ces organisations sont de plus en plus jeunes, comme récemment des cas d'ados de 14 à 17 ans", note Albéric Guigou. "Dans ces cas-là, le maître chanteur demande un paiement par SMS ou numéros surtaxés." Un conseil très simple prévaut : avant de se connecter sur un site de rencontres, mieux vaut vérifier sa "e-réputation" en "googlant" le nom de ce site : parcourir les forums de discussion peut se révéler très instructif.

"Comme un con, je me suis laissé aller devant la webcam"

Philippe n'a rien d'un simple d'esprit. Chauffeur de bus, ce jeune papa vient pourtant, lundi 2 juillet, de tomber dans un piège gros comme une maison : il s'est déshabillé devant une webcam et se retrouve victime d'un chantage.

"Ma compagne et moi sommes séparés depuis trois mois. Je me sens assez seul", explique-t-il. Ce lundi donc, il va sur le site chat-NRJ, le forum gratuit proposé par la station de radio, où il s'était inscrit sous pseudo, ne précisant que son âge, 29 ans. "Je découvre alors un message de Maria", explique-t-il. Philippe entame alors une discussion en temps réel. "Elle m'a tout de suite mis en confiance", se souvient-il : seule avec des enfants, Maria dit habiter Lyon. Elle lui demande de la rejoindre sur la messagerie MSN. Philippe s'exécute. La conversation se poursuit.

Maria aimerait le voir et lui demande s'il a une webcam. La sienne, dit-elle, ne marche pas mais elle va demander à une voisine. Maria complimente Philippe sur son physique. Il enlève son tee-shirt mais s'enquiert d'une réciprocité. "La caméra de sa copine arrive alors, sans le son, car elle avait soi-disant un problème. Je vois l'image d'une belle blonde qui enlève son tee-shirt, montrant une très forte poitrine." Les défenses de Philippe cèdent. Elle lui demande de montrer son sexe. "Elle me flattait de façon habile, se souvient Philippe. Comme un con, je me suis laissé aller devant la webcam."

Après une minute d'enregistrement sans équivoque, le ton change brusquement. "Ecoute-moi bien, écrit Maria, j'ai tout enregistré et j'ai tes contacts sur MSN. Je vais leur envoyer la vidéo et la diffuser sur YouTube." Maria joint l'acte à la parole. Philippe "google" son nom. "Je découvre alors sur YouTube une vidéo titrée de mon nom, mon âge, ma ville suivi de 'se masturbe devant une fillette de 7 ans'." Sa interlocutrice demande alors 800 euros dans la demi-heure par mandat cash Western Union à envoyer à Abidjan.

ADOLESCENTS PIÉGÉS

Philippe décide de ne pas payer. Il reçoit alors des lettres de menace avec en-tête d'Interpol, puis du Tribunal pénal international. La vidéo disparaît puis réapparaît sur le Net. "Elle était postée par 'Pourrirlavie12345'. Je découvre alors que ces professionnels ont piégé aussi une dizaine d'hommes dont les vidéos sont aussi en ligne." Pour l'adjudant-chef Vincent Lemoine, expert en nouvelles technologies, "il ne faut jamais payer les maîtres chanteurs mais prévenir rapidement police ou gendarmerie". Il faut aussi "demander à l'hébergeur de supprimer le contenu".

Pour le psychiatre Xavier Pommereau, "de nombreuses personnes se retrouvent seules le soir, espérant tisser des liens dans un océan Internet, sans se rendre compte de la possible diffusion mondiale de cette "extimité", cette intimité affichée", explique-t-il. Lui-même connaît plusieurs cas d'adolescents piégés ayant tenté de se suicider. "Nos gouvernements doivent se concerter pour que les diffuseurs de ces contenus soient responsables", estime-t-il. Philippe, lui, n'a pour l'instant pas osé porter plainte. A ce jour, sa vidéo n'est pas réapparue.

FLASH : L'article suivant montre les dangers des cyber-rencontres. La preuve, une bléssée grave !
 
2010 - Quand la rencontre dérape au Mans : Un jeune Biterrois tente de tuer sa conquête rencontrée sur le web

L’homme a laissé pour morte la jeune femme qu’il voyait pour la deuxième fois. Il a été interpellé mardi. Mercredi, au Mans, un jeune homme de 20 ans, natif de Béziers, a été mis en examen pour tentative d’homicide volontaire et vol. Sans domicile fixe, il a été écroué en détention provisoire à la maison d’arrêt des Croisettes, à Coulaines (Sarthe).

Il est soupçonné d’avoir violemment agressé, dimanche en fin de journée, à Château-du-Loir, une femme de 37 ans. Ils s’étaient tous les deux connus via un site de rencontres sur internet. Ils se voyaient pour la seconde fois au domicile de la victime.

Selon Julie Bernier, la procureure du Mans, « le jeune Biterrois a asséné des coups de poing au visage de sa victime et des coups de genoux dans le ventre. Il a aussi tenté de l’étrangler. Il l’a ensuite plaquée au sol et lui a porté un coup de couteau dans le dos, la touchant sérieusement au poumon droit. Il l’a frappée avec un couteau de cuisine et un couteau à steak, mais il n’y a qu’une seule entrée de lame sur le dos de la jeune femme. »

L’agresseur s’est alors enfui avec la voiture de la victime, son ordinateur et tous ses téléphones, laissant cette dernière pour morte. « La victime a réussi à nous décrire son agresseur. Nous avons fait un portrait-robot qui a été formellement reconnu. » Ce dernier a été comparé à des photos retrouvées sur le site de rencontre. Là encore, la victime a reconnu son agresseur parmi de nombreuses autres photographies.

Le Biterrois a été interpellé par les gendarmes mardi dans la journée, à Pré-en-Pail dans la Mayenne, au volant de la voiture de la jeune femme avec son chéquier et ses papiers.

« Il a été repéré grâce aux téléphones portables, assure la procureure Bernier, mais il nie tout en bloc. Il est particulièrement violent, nous ne savons rien sur lui. Il nous a dit être pompier mais nous n’avons pas pu le vérifier. Il dit être dans la région depuis un mois environ. » Une information judiciaire a été ouverte par le parquet. Quant à la victime, ses jours ne sont plus en danger. 

Quoi qu'il en soit, soyez très prudents sur les sites de rencontres. Signalez tout profil suspect ou fermez votre compte sur le site.

Source : Le Monde

1 commentaire :

Unknown a dit…

Aujourd'hui datation est très commun et chacun préfèrent les sites de rencontres pour trouver l'amour. Les conseils fournis par vous est très impressionnant. Continuez à poster!
Site de rencontre pour homme