Du début du XVIIIe siècle à nos jours, Stan Neumann déroule sur plus de trois siècles l’histoire du monde ouvrier européen, rappelant en une synthèse éblouissante ce que nos sociétés doivent aux luttes des “damnés de la terre”.
La classe ouvrière a-t-elle disparu, ou simplement changé de forme, de nom, de rêve? Conciliant l’audace et la rigueur historique, l’humour et l’émotion, le détail signifiant et le souffle épique, Stan Neumann (Austerlitz, Lenine, Gorki – La révolution à contre temps) livre une éblouissante relecture de trois cents ans d’histoire. Faisant vibrer la mémoire des lieux et la beauté des archives, il parvient à synthétiser avec fluidité une étonnante quantité d’information. Les séquences d’animation, ludiques et inventives, et un commentaire dit par la voix de Bernard Lavilliers permettent de passer sans se perdre d’un “temps” à l’autre : celui du travail, celui des grands événements historiques, et celui, enfin, des changements sociaux ou techniques étalés parfois sur plusieurs décennies. En parallèle, le réalisateur donne la parole à des ouvriers et ouvrières d’aujourd’hui et à une douzaine d’historiens et philosophes (dont Jacques Rancière, Marion Fontaine, Alessandro Portelli, Arthur McIvor, Stefan Berger, Xavier Vigna…. ). Cette série documentaire virtuose révèle ainsi combien nos sociétés contemporaines ont été façonnées par l’histoire des ouvriers.
Le temps de l’usine (1700-1820)
Dès le début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, une nouvelle économie “industrielle et commerciale”, portée par le textile, chasse des campagnes les petits paysans et les tisserands indépendants. Pour survivre, ils doivent désormais travailler contre salaire dans des fabriques (factories) qui rassemblent plusieurs milliers d’ouvriers. C’est la naissance de la classe ouvrière anglaise. Le travail en usine, le Factory System, où seul compte le profit, impose aux déracinés une discipline et une conception du temps radicalement nouvelles. Avec la révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, ils subissent un dressage plus violent encore, sous la loi de machines qui réduisent l’ouvrier à un simple rouage. Surexploitée et inorganisée, cette classe ouvrière va mettre plusieurs générations à inventer ses propres formes de lutte. Dans les années 1820, après des décennies de combats perdus, elle semble en mesure de faire la révolution.
Le temps des barricades (1820-1890)
En Europe continentale seule la Belgique adopte le Factory System et le libéralisme absolu à l’anglaise, devenant ainsi au milieu de XIXe siècle “le paradis des capitalistes” et l’enfer des travailleurs. La France, elle, accomplit au ralenti sa révolution industrielle, sans grandes usines ni exode rural massif. Les ouvriers travaillent à une échelle quasi artisanale pour des petites fabriques. C’est pourtant dans ce milieu que vont naître et se propager toutes les utopies socialistes du siècle. De 1830 à 1871, cette classe ouvrière atypique se lance dans de grandes insurrections. Toutes échouent. La dernière, la Commune de Paris, résiste soixante-douze jours avant d’être écrasée. Sa défaite coïncide avec l’industrialisation à marche forcée de l’Italie et de l’Allemagne, pressées d’affirmer leur modernité. Tandis que les conditions de vie et de travail, mais aussi les droits syndicaux et politiques progressent lentement, une nouvelle image de la classe ouvrière apparaît : celle de l’armée des travailleurs des temps modernes.
Le temps à la chaîne (1880-1935)
À la fin du XIXe siècle, les patrons éclairés découvrent que l’ouvrier fait partie lui aussi du capital de l’entreprise. C’est la naissance de la diététique, de l’ergonomie, de la gymnastique ouvrière. Toutefois le travail à la chaîne, inventé dès 1871 aux Abattoirs de Chicago, peine à s’imposer. Ce n’est qu’après la grande boucherie de 1914-1918 que la rationalisation de la production et les techniques de “management scientifique” comme le taylorisme se généralisent malgré une violente résistance du monde ouvrier. Celui-ci apparaît profondément fracturé, alors que la révolution russe a fait naître l’espoir d’une révolution socialiste mondiale. En Allemagne, les réformistes sociaux-démocrates ont écrasé dans le sang les tentatives d’insurrection de 1919-1920. Les fascistes et les nazis s’engouffrent dans la brèche. Aidés par les crises et la montée du chômage, ils s’emparent du pouvoir, en Italie dès 1922, en Allemagne en 1933. Prétendant réaliser la synthèse du socialisme et du nationalisme au nom d’un travailleur mythique, ils proclament “la fin de la lutte des classes”.
Le temps de la destruction (de 1936 à nos jours)
Dans les années 1930, la classe ouvrière semble plus puissante que jamais. Le succès, en 1936, du Front populaire en France témoigne de cette force. Pourtant, les ouvriers européens vont de défaite en défaite. En Espagne, la dictature franquiste, soutenue par Hitler et Mussolini, triomphe en 1939. Puis dans l’Europe asservie, l’Allemagne nazie fait des ouvriers des pays vaincus des “esclaves du XXe siècle”: “travail obligatoire” pour les ouvriers de l’Ouest de l’Europe, “extermination par le travail” des Juifs, des Tziganes et des prisonniers de guerre soviétiques. Après 1945, la guerre froide génère de nouvelles fractures. En Occident, on achète la paix sociale en améliorant les conditions de vie et de travail dans la plus pure tradition fordiste. À l’Est, le pouvoir est confisqué par des partis uniques qui prétendent représenter les ouvriers tout en les privant des libertés syndicales avec le soutien de l’URSS et de ses tanks. L’espoir renaît dans les années 1970, qui voient fleurir les utopies révolutionnaires, des “Lip” à Solidarnosc. Mais c’est un chant du cygne. Avec son cortège de misère et de chômage, la désindustrialisation a commencé.
LE PLAISIR DE TOUT PETER OU CRAMER POUR SE VENGER ! Si votre patron est un connard sans scrupules prêt à virer alors qu'il a fait un max de profits, il y a rien de tel de voir rouge pour péter les plombs pour lui péter la gueule et de démolir sa caisse de riche avec n'importe quel engin (fenwicks, tractopelles, camions, bulldozers,...) ou de foutre le feu à l'entreprise. Quand le salarié est viré, la bagnole du patron prend cher !
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